Conclusion de la journée et ouverture
Mélissa 

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Les différents sujets abordés ont permis de mettre en évidence les avancés dans la reconnaissance des droits des homosexuel(le)s et des transsexuel(le)s . Il conviendrait de prendre en compte toutes les sous-dimension de la sexualité et de ne pas se contenter d’un modèle binaire masculin-féminin / homosexuel- hétérosexuel vu comme quelque chose d’immuable.

Cependant, quelques observations de la vie quotidienne permettent de mettre en évidence que ce modèle est encore bien ancré dans nos mentalités, et ce, indépendamment du genre ou de l’orientation sexuelle. On observe même des formes de discriminations ou de rejet au sein même de la communauté « LG ».

Afin d’illustrer ce sujet, nous partirons sur deux observations. La première portera sur des petites annonces, la seconde sur une soirée associative.

I La question bi (ou la lettre en trop du LGBT)

Quoi de plus révélateur de la pensée sociale que les petites annonces ? Celles qui suivent, prise au hasard d’un célèbre magazine lesbien français, ont toutes un point commun :

– 58 ans, profession libérale cherche femme âge et profession en rapport, célibataire sans enfants, aimant animaux pour loisirs, ciné, resto, voyages. Fumeuse, alcoolo et bi s’abstenir.

– Femme 42 ans avec enfant souhaite rencontrer femme douce, simple, sincère pour partager complicité. Bi et fumeuse s’abstenir. 

F. 39 ans, non fumeuse, sincère, câline, cherche F. sérieuse et féminine pour relation durable et saine. Pas sérieuse, bi, masculine et alcoolique s’abstenir.  

– Féminine cherche femme 35/60 ans féminine pour relation très sérieuse. Bi, trans s’abstenir, je recherche une vie de couple équilibrée !

On remarque sans peine l’association des « bi » aux « fumeuses », aux « alcoolo ». Une association qui renvoient aux addictions néfastes pour la santé et l’entourage. La bisexualité ainsi que la transsexualité semble même nuire à une vie de couple équilibrée !

Sur 21 petites annonces bi-mensuelles, 10 invitent les bisexuelles à passer leur chemin, c’est-à-dire 47% … chiffre qui amène à se poser la question de la place des bisexuel(le)s au sein même de la communauté LGBT qui d’ailleurs semble bien vouloir se passer du « B ».

Il est intéressant de comparer la différence de point de vue concernant le sujet de la bisexualité chez la femme.

Chez une femme dite hétérosexuelle, se laisser aller à quelques relations saphiques à souvent pour but l’excitation d’un partenaire masculin. Ces derniers voient plutôt d’un bon œil la bisexualité de leur partenaire. On pourrait dire qu’il est socialement acceptable voir même tendance, qu’une femme soit bisexuelle tant que sa bisexualité reste une fantaisie (Katy Perry l’illustre à merveille dans sa chanson I Kissed a girl ou la chanteuse est troublée du fait d’avoir embrassé une fille et espère que son copain ne lui en tiendra pas rigueur « i hope my boyfriend don’t mind it ») ou un divertissement partagé (la pratique des clubs libertins).

Il existe même un site de rencontre pour femmes hétérosexuelles voulant « essayer », dans ce cas, on parle de flexisexualité.

Un bref aperçu de la présentation de ce site :

« Welcome to XX – the world’s leading, safest, most effective dating website for the growing number of straight women who flirt with bisexuality… flexisexuals. »

On est bien loin de ce genre de site chez la communauté lesbienne ! Pour une femme dite homosexuelle, la bisexualité semble être un véritable obstacle à une relation. Il pourrait pourtant être légitime de retrouver la même curiosité pour le sexe opposé.

Pourquoi la question de la bisexualité dérange-t-elle autant chez les lesbiennes comme elle dérange chez les hommes hétérosexuels ?

Peu ou pas d’études à ce jour proposent d’explorer la sexualité saphique, les codes et craintes qui la régissent. Longtemps ignorée par les chercheurs, elle semble pourtant un objet d’étude riche en apprentissage de la sexualité humaine.

II Homo et hétéro, un mélange fastidieux ?

Cette anecdote vient d’une soirée associative LGBT, les personnes étant présentes étaient pour la grande majorité directement concernés par les questions de discriminations homosexuelles. Un ami, hétérosexuel, participait.

Il m’a racontée par la suite qu’on lui avait demandé, en même temps que les civilités, s’il était gay. Répondant par la négative il a surpris ses interlocuteurs par sa seule présence. Une phrase récurrente venait le mettre mal à l’aise : « Mais ça ne te gêne pas ? D’être entouré d’homo je veux dire. Moi ça m’embêterait, vraiment … ».

Devant l’insistance des invités, il a fini par quitter la réception, gêné de ne pas être « à sa place » et surtout d’avoir été mis de façon ostentatoire à l’écart.

Comme l’eau et l’huile, il apparaît que les « homo » et les « hétéro » ont bien du mal à se mélanger !

On peut penser qu’au sein d’une minorité, fort des expériences d’homophobie ou de transphobie, la tolérance et l’ouverture à l’autre soient de rigueur. Il nous est plus facile de le penser comme tel et acquis. Cependant la simple observation suffit à montrer le contraire.

On pourrait parler d’hétérophobie, comme l’hostilité et/ou le rejet des hétérosexuels, vu comme élément gênant et somme toute inintéressant puisque ne représentant pas de partenaire éventuel.

Bien entendu, l’hétérophobie n’a jamais provoqué d’atteinte à l’intégrité morale des hétérosexuels, mais à une stimulation hostile n’aurait-on pas tendance à répondre de la même manière ? Comment combattre l’homophobie alors que l’on décrit soi-même l’homosexualité comme quelque chose de « gênant » ?

Bien entendu ces anecdotes, par définition, ne prétendent nullement être exhaustives , mais se veulent le reflet de pratiques et de croyances qui existent et persistent. Il est temps d’arrêter de se voir les uns les autres comme finalité d’une sexualité rigide, incompatible avec la sienne.

Les actions d’informations militantes doivent bien entendu continuer leurs efforts mais aussi élargir leur public en incluant leur propres minorités dans le dispositif de lutte contre le rejet de l’autre et les discriminations.

Car l’important au final, n’était-il pas d’être heureux et épanoui, indépendamment de son sexe biologique, de son genre, et de sa sexualité.


Présentation de Wake Up !

 

L’association Wake Up ! est une association LGBT pour jeunes et étudiants de Bordeaux. Elle existe depuis le 20 novembre 2000.

 

Elle se définit en trois axes :

 

– L’accueil et la convivialité : nous avons deux lieux d’accueil. Le mercredi au café des Jours Heureux pour une soirée animée et conviviale et le lundi au local de l’université de Bordeaux 3. L’association propose régulièrement des soirées à thème, des sorties sportives, des piques nique, des ballades …

 

– La lutte contre l’homophobie : L’association Wake Up ! est aussi ą but militant et s’engage contre l’homophobie et pour la banalisation de l’homosexualité.

 

– La prévention : Wake Up s’engage aussi sur le terrain de la prévention avec notamment des intervenants d’AIDES venant aux permanences.