Etre acteurs-auteurs & actrices-auteures des études trans

Catégorie : Introduction de dossier

Introduction : Dossier Internet

 

Maud-Yeuse Thomas

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Introduction

La machine internet

À l’évidence, internet a changé la donne et rebattu les cartes. Pour aller vite, formulons que cette nouvelle donne s’est effectuée pour changer une maldonne. Celle des discriminations, invisibilisations, discours et pratiques malveillantes, mauvaise formation des praticiens débouchant sur des mauvaises opérations. Aujourd’hui encore, certains praticiens se plaignent qu’ils ont été mis devant le fait accompli, de « souffrir » eux aussi des maldonnes : manière naïve mais efficace pour dissimuler une transphobie ordinaire. De fait, le renouveau espéré par les personnes trans est toujours en cours. L’arrivée de la Sofect a accentué cette maldonne et investissant internet comme outil de diffusion à la manière d’une start-up. Là où son rôle est, en revanche, nettement décisif réside dans le débat permanent dans une profusion de sites, blogs, forums, et l’importance prise par l’analyse universitaire où le sujet trans est désormais investi par des auteur.es, il y a peu encore, silencieux et indifférent.

Pour qui veut creuser, les revues en ligne offre ainsi un panorama impressionnant, invalidant l’idée qu’internet accélérerait le zapping intellectuel en s’alignant sur le zapping télévisuel. Nous pouvons dire qu’à l’inverse, internet popularise la possibilité de se faire une bibliothèque personnelle. Face à la massivité du travail quotidien des normes de genre comprises comme étant des normes de sexe, internet joue tout son rôle d’espace d’expressions pour une micropopulation alors très peu visible encore dans la décennie 1990-2000. Sur le fond, internet désenclave les individus souvent isolés, permet les regroupements et surtout de revenir sur l’invisibilité de la question trans et l’ininterrogation de la dimension du genre.

Du jour au lendemain, internet raccourci les distances. En changeant de genre sur l’écran, on teste sa capacité à répondre aux normes de genre usuelles, cette fois détachées du contexte des significations prétendant à une coïncidence déterministe sexe-genre. L’on teste dans le même temps ceux et celles qui répondent aux messages. On peut trouver une communauté de destin, dire ce que l’on a sur le cœur dans un échange interpersonnel autant que la recherche d’informations et d’adresse de praticiens sans quitter son bureau. Le forum va constituer un lieu idéal pour cet échange multiple et jouer à la fois le rôle de village et de rond-point débouchant sur une multitude de routes définies et de chemins de traverse. Rien n’empêche de fréquenter plusieurs forums, bien au contraire. À L’anonymat, s’ajoute l’usage de pseudonymes. En sus, l’on peut se présenter comme une militante engagée dans un forum, un timide discret dans un autre ou encore une recherche d’une rencontre sexuelle. Internet amplifie ce que le minitel avait mis en place, propose une profusion sur des milliers de pages actualisant une sexualité trans, trop souvent oubliée.

Le forum est organisé de telle manière à ce que son espace d’expression traite non seulement les sujets pour lequel il est organisé mais encore, qu’il détienne une part substantielle des représentations. Autrement dit, que ces micro-espaces deviennent la norme majoritaire et l’expriment, à l’instar du village gaulois résistant à la puissante Rome. Le forum est alors une place du village, le lieu retrouvé des déambulations subjectives sans danger. Il n’est pas ce lieu libre de toute contrainte ou la cour des fantasmes, tel qu’aime à le décrire l’aiguillon du contrôle mais un espace minoritaire dont les habitants et les usages le muent en espace majoritaire. La règle d’or de beaucoup de forums est donc la bienveillance face à l’espace de contrôle des normes majoritaires accédant aux normes sociosymboliques dominantes, où les malveillances, agressions et prédations sont nombreuses et la ligne de conduite autant que d’une interrogation politique et parfois philosophique est une réflexion sur la fonction sociopolitique des discriminations.

Internet politique

Ce renversement normatif va alimenter un renversement politique envers les discriminations et un resserrement analytique sur les phobies maintenant la pression normative. En se généralisant, cette lutte contre les discriminations de chaque groupe assure sa présence, passe du sujet observé et transformé en un consommateur captif d’observations objectivantes, de soins, conseils, médicaments, thérapies, etc., en sujet observant dans un échange interpersonnel et transculturel. Fini le travelo et le yabon banania, l’interrogation sur la transphobie comme le racisme ouvre l’interrogation civique au quidam informatique. Internet est à cet égard un prolongement de l’espace de conformité. L’espace (presque) gratuit, tentaculaire, transculturel permet un maillage sans limites, dénoue les contraintes qui s’exercent sur les représentations minoritaires enchâssées dans une pression majoritaire hégémonique et déborde désormais presque tous les pouvoirs.

De tous les sujets, l’un d’eux émerge de manière massive et constitue le fil le plus fréquent, le plus discuté et le plus sujet aux controverses : comment les normes majoritaires nous affectent-elles dans notre vie ordinaire de telle manière qu’elles puissent se constituer comme déterministe, passer pour « normal » au point de rendre une vie invivable. Les discussions sur le sujet trans sont profondément marquées et affectées par l’idée d’un changement de sexe. Or la population trans est profondément inhomogène et va donc alimenter une discussion sans fin sur les positionnements et donc des définitions des uns et des autres. Pour la partie militante de la population trans, le sujet trans est d’abord un sujet profondément affecté par l’usage hégémonique des normes majoritaires et non par les traitements et opérations. Tous les acteurs et actrices, quel que soit le type de transition rêvée ou entreprise, sont mobilisé.es dans cette direction et l’usage qu’elles font d’Internet est largement canalisé par cet impératif des discriminations les empêchant d’accéder au lien social, à l’inverse du quidam qui a pour lui l’avantage de la neutralisation sociologique et le privilège de la symbolisation cisgenre.

Le nombre de forums va se multiplier puis le blog va progressivement apparaître quand, de sujet observé, le minoritaire devient un sujet observant et analysant. L’usage d’Internet bascule du côté de la production et diffusion de savoirs. L’ODT est issu de cette transformation.

L’usage d’internet généralise plusieurs choses essentielles : la mise en réseau facilitant la prise de contact et la prise de décision, la montée en puissance d’une militance intersectionnelle et son évolution sur une production de savoirs (faire et être) et expertises, condition pour se visibiliser dans l’espace convoité de diffusion des savoirs stratégiques. Enfin, la requête d’informations objectives maximisant la qualité des traitements, opérations, thérapies dont les acteurs/trices ont besoin.

En conclusion, internet rempli la fonction de canal social, voire de lien social, partout où les discriminations ont imposé des ruptures et violences. Multiple et tentaculaire, internet devient ce monde bis du monde réel sursaturé de conflits de groupes sociaux minoritaires désirant accéder au privilège de la neutralisation symbolique (ou naturalisation) anonyme et des privilèges socio-économiques.

La population trans peut alors se renommer, du transsexualisme aux transidentités que vont contester les acteurs historiques de la pathologisation, ceux-là même qui voyait dans internet une fuite vers les mondes de fantasmes, dissociant le réel du virtuel à l’instar de la dissociation sexe genre et voulait le contrôler, ce qui en est le corollaire. Le contexte national se trouve manifestement débordé et va d’ailleurs s’y mettre à son tour. Celui-ci est désormais en prise sur une mondialisation contestée par les acteurs du contrôle qui y voit une nouvelle fuite en avant, un nouveau hochet pour masquer les replis nationaux de type identitaristes. De manière nette, internet joue tout son rôle de créateur de nouveaux espaces de subjectivité qui sont devenus des espaces de reconfigurations.

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Mise en ligne : 4 avril 2014

Queer disabilities, Introduction

Maud-Yeuse Thomas


Queer disabilities

Introduction

Pour cette introduction au dossier que nous propose Chris Gerbaud, je reprendrais un bref passage d’Emmanuel Ethis, cité dans le texte de C. Gerbaud, car il me semble qu’il ramasse en quelques lignes notre rapport au monde et à un groupe, socialement distingué, de ce qui nous décrivions par une commune humanité :

Les stigmatisés à l’écran ne nous font plus peur, ni même ne nous fascinent, ils se contentent de nous émouvoir en invoquant en nous quelques sursauts d’une humanité fictionnelle dans laquelle aucun de nous ne se sent tout à fait parfait. E. Ethis[1]

Nous sommes là dans l’actualité contemporaine. Qu’est-ce que je suis allée voir, qu’ai-je vu sur cet écran ? J’ai souvenir des très nombreux passages en télévision de Daniel Auteuil avec Pascal Duquenne, à la sortie du film Le huitième jour. Je me souviens de leur fou-rire, cette intense partage, leur fusion yeux dans les yeux, leurs gestes, leurs corps lourds. Puis plus rien : l’accéléré du monde de la communication va plus vite que nous ne pouvons l’absorber. Qu’est-ce que tout cela nous renvoie ? Qu’est-ce qu’une humanité fictionnelle ? Est-elle « fictionnelle » en général ou en particulier face aux handicaps ? Est-ce le cas, et si oui, pourquoi est-ce le cas ? Quels exemples peuvent nous aider à cerner cette question préalablement à une réponse qui serait, elle aussi, fictionnelle, précaire, insatisfaisante, sans cesse reprise ? Si l’arrière-plan sociétal (Searle[2]) est cet ensemble de réponses et représentations qui répondent à ma place, quel est le statut de la subjectivité ? Les représentations d’Eléphant man et de la Vénus noire, drainent avec elles une force d’interrogation qui nous excèdent tous et toutes.

Que vivent les personnes handicapées au point que l’on parle d’handicapés et non plus de personnes [3]? Mais après tout, l’on parle bien de trans, d’homosexuels, ces mots, insultes et silences qui inaugurent nos existences, et non de personnes trans ou homo. Indéniablement, la rationalisation de la vision du monde a atteint son but : ne sommes-nous plus que cette catégorisation sociale, le désigné de parias sous les yeux d’un autre qui, lui-même, n’est que l’effet de cette désignation généralisée, décontextualisée, désituée ? Pour le dire avec Deleuze et Guattari, déterritorialisée. Mais enfin, pourquoi la personne handicapée serait-elle cette sorte de garant (de garantie) ? La fiction ne réside-elle pas dans cette expression d’une « humanité pleine et entière », cet horizon qui, parce qu’il était trop lointain, trop distinct, trop orgueilleux ( ?), précisément déjà en lui-même éloigné du monde réel, n’était pas à même de répondre à notre insondable inquiétude d’être humain ou, plus banalement, à l’occupation équitable du monde commes des accès collectifs ? Si oui, il faut alors reposer une question plus lourde encore : que reste-t-il d’une intention collective commune arqueboutée, non sur une communauté collective de droits et d’accès communs, mais sur des exceptions et exclusions ? Que reste-il alors de ce « merveilleux », fût-il « à rebours » du « monstrueux » dont parle Georges Canguilhem ?


[1] « Infirmités spectaculaires, De l’usage pragmatique de la figure du handicap au cinéma », Emmanuel Lethis avec la collaboration de Fabien Labarthe (Résumé), Revue Erudit, URL : http://www.erudit.org/revue/pr/2002/v30/n1/006697ar.html?vue=resume.

[2] John Searle, La Construction de la réalité sociale, 1998, éd. Gallimard.

[3] « Handicap : l’assistance à la sexualité en débat », Camille Hamet et Claire Rainsfroy, Le Monde, 12.03.2013, http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/03/12/handicap-l-assistance-a-la-sexualite-en-debat_1846682_3224.html.


Mise en ligne : 1 mars 2014

Transidentité et scolarité #2-Introduction

 

M-Y. Thomas, A. Alessandrin, K. Espineira


Transidentité et scolarité #2

 

Introduction : transphobie vs participation scolaire 

            Après avoir proposé un dossier sur la scolarité trans en décembre 2012[1], l’Observatoire Des Transidentités pose une nouvelle fois son regard sur l’école en cette fin d’année 2013. Cette année aura été marquée par la participation de l’Observatoire Des Transidentités à des discutions ministérielles pour l’élaboration de dépliants et plaquettes visant à lutter contre les discriminations et le harcèlement à l’école, dont Eric Debarbieux aura montré qu’ils conditionnent fortement la participation scolaire[2]. Toutefois, notre investissement du côté d’une prise en compte réelle des besoins, notamment préventifs, concernant la transphobie à l’école n’a pu être véritablement entendu (et ce malgré les bonnes volontés multiples qui ont accompagné nos préconisations). A la sortie d’un abécédaire contre le harcèlement à l’école, publié par le ministère de l’éducation nationale fin 2013, il n’était déjà (presque) plus question de genre… encore moins des trans. De ce point de vue, le rapport sur les discriminations liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre à l’école, rédigé par  M. Teychenné et remis au ministre de l’école nationale en juin 2013, évince lui aussi la question trans et, ce faisant, ne remplit pas son cahier des charges[3]. On notera dans l’enquête de Maria Rita de Assis César ce même lobbying et effacement concourant à la déscolarisation et pauvreté des travestis et transsexuelles au Brésil. Pourquoi un tel effacement confirmant une grave inégalité à l’école ? Pourquoi n’y a-t-il aucun recours devant ces dysfonctionnements graves et répétés, laissant face au vide de la loi comme de la culture, toute place aux pratiques et pouvoirs malveillants ?

Face à ce constat d’échec, l’ODT poursuit sa volonté de visibiliser cette question en prenant en considération que l’école qui, tout en étant le lieu d’une socialisation et d’une réalisation de soi importante, peut aussi devenir le lieu d’un malaise, d’un désamour de soi, de l’institution ou de l’entourage. Le désengagement scolaire est un désengagement social. Et puisque les normes de genre s’appliquent avec violence depuis le plus jeune âge, la question des transidentités, de leur inclusion et de leur prise en compte, ne peut faire l’économie d’une réelle réflexion sur la manière dont l’institution scolaire, et déjà LES institutions scolaires, prennent en charge et luttent contre les discriminations à l’encontre des enfants trans. Cela supposerait de prendre le sujet des variances de genre dès l’enfance, de former adéquatement sur les questions de genre en général. Les reculades du gouvernement Hollande et le déni du Sénat n’aident pas tandis que la communauté trans soupèsent les propositions des autres groupes politiques. Tout se passe comme si chacun attendait un pas (ou un faux pas) pour verrouiller les choses en l’état.

Les vigiles du genre

On aurait pu croire la question du « genre » à l’école masquée par les débats autour du mariage pour tous ou poussé à la marge par le flux des actualités polémiques. Il n’en est rien. Depuis que l’inscription, en septembre 2011, du terme de « genre » dans les manuels scolaires, et notamment en SVT (Sciences et Vie de la Terre), a créé une vague d’indignation parmi la minorité des plus conservateurs en France, et des actions à l’encontre de l’enseignement du « genre » ou des programmes de lutte contre les discriminations n’ont cessés de se multiplier. Dernier en date, après les IMS régulièrement menacées, la fronde de groupes catholiques et droitistes contre le film de C. Sciamma, Tomboy[4], en accentue la pression contre ce qui leur apparaît comme une « plongée dans le monde de l’homosexualité »[5]. Au-delà des hésitations et maladresses gouvernementales, laissant croire entre autre qu’une « théorie du genre » existait et pouvait donc être enseignée[6], des comités de « gender vigilances » ont vus le jour un peu partout en France. La question de l’homosexualité rejoint ici la question trans Sur son site internet, l’observatoire du genre[7] met par exemple en garde contre la diffusion du film « Tomboy » dans les écoles et s’insurge contre les programmes de lutte contre le sexisme ou l’homophobie. Ce mouvement, amplifie le silence par une absence de réflexion. Il s’ensuit l’inertie caractéristique du champ sociopolitique et le maintien dans le champ médical à l’âge adulte pour des individus pauvres, en souffrance et souvent déscolarisés. Un champ laissé en friche nécessitant des praticiens, un diagnostic et un trouble (quelqu’il soit). Par ce dossier, l’ODT souhaite rappeler que les vies trans ne sont pas des « théories » ou des programmes de dégenration mais bel et bien un fait accompli qu’il s’agit de prendre en considération si nous voulons que tous les enfants, adolescents et jeunes adultes puissent avoir et espérer une vie vivable aux côtés d’autres vies humaines sans être poussés en deçà du respect à la vie privée, de la dignité, de la souffrance et de l’exclusion. De manière concomitante, mais peut-être serait-ce là un nouveau dossier à mettre en œuvre, nous incluons, outre la nécessaire réflexion sur l’école, dans nos réflexions les parents trans et les enseignant.e.s trans.

Le concept de « gender creativity »

Rappelons que l’école est avec l’arène familiale, le premier espace de socialisation dans la vie d’un enfant, structurant outre sa préparation à une entrée dans la vie active et donc des revenus, son développement à une vie viable et stable. Afin d’inclure toutes les formes de transidentités, et face aux doutes provoqués par le terme d’ « enfant trans », c’est parfois le terme de « gender-variant » ou de « gender creativ » qui a été retenu. C’est autour de cette notion qu’Elisabeth Meyer travaille depuis quelques années (Meyer, 2004 ; 2010). Ces recherches ont déjà permis de distinguer la « genderphobia »  de l’homophobie et de travailler la notion de « gender creativ spectrum », qu’elle nomme aussi l’indépendance de genre. Dans une présentation de ces travaux sur son site internet[8], Elisabeth Meyer souligne que dans les cours élémentaires, 8% des élèves ne respectent pas strictement les traditions de rôles de genre. Elle rappelle aussi que selon l’enquête du Glsen[9] en 2005, l’expression de genre est la troisième cause de harcèlement à l’école après l’apparence physique (le poids…), l’orientation sexuelle réelle ou supposée, et avant l’ethnicité ou l’appartenance religieuse. L’importance de ces chiffres révèle premièrement la nécessité d’investiguer le sujet, indépendamment des notions de sexisme ou d’homophobie, même si des processus communs font le lit des discriminations. Il s’agit donc de « se compter pour compter ». Aussi, ces chiffres soulignent l’importance du choix méthodologique du calcul. On ne saurait limiter la question trans aux personnes qui entament une transition et ce faisant, comme nous le soulignions en 2012, limiter les transidentités aux univers adultes ou adolescents. L’enfance, comme instant précieux de construction identitaire en délibérée, doit aussi être investiguée au sein des trans studies[10] en dehors de la neutralité avancée des « étapes » psychologiques de l’enfant. 

Quelles recherches ?

Certes, la question trans croise la question homosexuelle dans les mêmes termes à l’école. Mais quels sont ces termes ? Les deux questions ont en commun d’avoir été des objets du champ médical protégeant efficacement le brouhaha des discriminations et effacements des vies non binaires. Mais l’effort pour comprendre ce qu’il en est du sujet trans butte encore sur l’hégémonie médicale tandis que celle-ci se crampronne sur le label de psychiatrie. Alors que la question trans arrive tardivement, longtemps confondue avec l’homosexualité, elle tend à déplacer les lignes du côté du genre, floutant les concepts destinés à distinguer ces deux groupes minoritaires et marginalisés et donc d’ordonner une ligne de partage que les recherches mettent à mal. Le genre apparaît une donnée cruciale telle qu’elle ouvre des perspectives et partant, des pratiques possibles à l’école. Mais quelles sont-elles et quelles en seraient les pratiques ? S’agit-il bien de « redonner leurs chances à l’école » ou n’abdique-t-on pas justement devant cet effort ? Sylvie Ayral[11] montre que l’économie dominante par laquelle nous comprenons et ordonnons les rapports sociaux fait l’impasse sur ces variances. La « fabrique des garçons » produit dans son mouvement, outre la marque d’une fabrique d’une différenciation socialement construite, l’effacement pur et simple des variations de genre à l’intérieur de la catégorie garçon/fille. A fortiori gender-variant. Dans ce chassé croisé où la dymorphie sociale l’emporte sur l’économie psychique des individus, le sujet trans reste la trangression ou l’exception médicale que l’on exhibe et le parent pauvre de la recherche ; inévitablement, il est la monnaie d’échange pour tous les fronts dans les échanges sociopolitiques telle qu’elle se déploie dans l’espace public où la fronde féministe succède à la fronde traditionnaliste et droitiste[12]. Pourquoi s’enquérait-on de ce sujet si le moment trans n’est que ce changement strictement individuel et partant, individualiste, tranche C. Delphy. La controverse SVT est un moment conflictuel typique ou le politique veut pouvoir reprendre la main face aux différentes frondes mais, sans programme ni consultation, vient nier la réflexion issue de ces recherches et l’attribuant à une « militance gender ». Comment appliquer à l’école les études de genre en incluant la question trans et intersexe ? La population trans a été d’autant plus réduite qu’elle a été comptée à l’âge adulte, par le changement chirurgical de sexe et de papiers d’état civil dans et par les seules équipes hospitalières. Sur le fond, cette gestion conservatrice impliquent les préjugés, discriminations et résistances d’une époque, instrumentalisant la recherche, plus économe et plus ardue. Quelle « théorie » croire désormais ? La contestation contre une « théorie sur le genre » s’adresse à cet endroit particulier d’une transition de société et vise typiquement à « défendre un mode de vie » impliquant des représentations identitaires du type binaire-cisgenre.

Comparer : importer les bonnes idées

Afin de résoudre ces multiples questionnements, et ainsi ne rester du côté de l’incantatoire, l’Observatoire Des Transidentités propose de revenir sur des expériences étrangères qui ont fait leurs preuves. Une partie du dossier sera consacré à l’exemple brésilien, ou des politiques volontaires ont mis en avant, localement et nationalement, une politique de lutte contre la déscolarisation des enfants LGBT et plus précisément des enfants Trans. Elizeu Clémentino et Maria Rita Cesar, tous deux sociologues brésiliens et spécialistes de la question de l’école et de la scolarisation des personnes LGBTT, reviendront sur les programmes de lutte contre la discrimination transphobe mis en place par les gouvernements récents. Erik Schneider, membre actif de TransGenderLuxembourg, nous propose une traduction de ces travaux sur les trans à l’école dans un contexte européen et plus précisément luxembourgeois. Dans ses travaux menés au sein de commissions tant nationales que locales, il développe une expertise que l’Observatoire se réjouit d’accueillir. Enfin, Gabrielle Richard et Line Chamberland reviendront sur leurs travaux respectifs sur la transphobie en contexte scolaire québecois. Nous vous invitons à ce propos, à lire le rapport de Line Chamberland[13] sur la transphobie en milieu scolaire ; rapport qui nous convie à poser la question d’une prise en compte réelle du ministère de l’éducation nationale sur cette population. Nous n’aurions pas pu terminer ce dossier sans mettre en avant une « bonne pratique » française. Grace à l’association « Contact Aquitaine », nous vous proposons aussi un entretien avec un psychologue rompu aux IMS (Interventions en Milieux Scolaires) qui n’hésite pas à introduire les notions de genre et de transidentités dans ses interventions afin de lutter contre les stéréotypes de genre notamment.


[1] Dossier « scolarité et transidentité » -première partie- disponible sur : https://www.observatoire-des-transidentites.com/article-transidentites-et-scolarite-113984643.html

[2] Lire par exemple : La violence en milieu scolaire, esf ed. (1999).

[3] Pour lire ce rapport : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/134000424/0000.pdf

[4] Clarisse Fabre, « Le film « Tomboy » relance le débat sur la question du genre », Le Monde, 23.12.2013, http://www.lemonde.fr/culture/article/2013/12/23/le-film-tomboy-derange-des-parents-d-eleves_4338878_3246.html

[5] Péittion en ligne hébergée par le groupe actionfrançaise, URL : http://www.actionfrancaise.net/craf/?Petition-Non-a-la-diffusion-du.

[6] Lire le texte « La théorie du genre n’existe pas », rédigé par des chercheurs en sciences humaines et sociales, et publié par Libération le 10 juin 2013 : http://www.liberation.fr/societe/2013/06/10/la-theorie-du-genre-reponse-au-ministre-vincent-peillon_909686

[7] http://www.theoriedugenre.fr/

[8]  http://www.slideshark.com/Landing.aspx?pi=zI3zxIYuCz8bFwz0

[9] Glsen, « The 2005 National School Climate Survey » 2005. Site de l’association : http://glsen.org/

[10]  On retrouve les éléments relatifs à cette partie et au concept de « gender creativity » dans l’article en ligne « Quelle place pour les élèves trans ? » (A. Alessandrin), 2013. URL : http://mixite-violence.sciencesconf.org/browse/speaker?authorid=220811.

[11] Sylvie Ayral, La fabrique des garçons, Ed. PUF, 2011.

[12] http://cestmongenre.wordpress.com.

[13]Disponible ici : http://homophobie2011.org/fileadmin/user_upload/microsites/homophobie2011/Documentation/La_transphobie_en_milieu_scolaire_au_quebec.pdf


Mise en ligne : 31 janvier 2014.

Post’porno & porno trans

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Post’porno & porno trans : introduction

Ce mois-ci, l’O.D.T. met en lien la question trans et les productions porno. Au travers des textes de Karine Espineira sur le porno trans’ et de Rachele Borghi sur le post’ porno, nous découvrirons la manière dont l’usage et la production de pornos participe d’une réappropriation du corps et de l’espace public

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Rachele’s adventure in Sexland, Rachele Borghi

Dans les aventures d’Alice au pays des merveilles, Alice entre dans le terrier du lapin et elle se trouve confrontée au paradoxe, à l’absurde et au bizarre. Ce que je vous propose aujourd’hui c’est d’entrer dans les aventures de Rachele in « sexland »

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Réflexions sur la pornographie « trans », Karine Espineira

Comment « je » me suis intéressée à la pornographie sur les trans ou dites trans ? Ici, il s’agit du fruit d’un pari, tel un exercice aux allures de défi à relever. Être invisible à moi-même est inenvisageable. En écrivant ces lignes suis-je en train de concentrer de « l’objectif » tout en cantonnant « le subjectif » à tout ce qui trouve au-delà de mon écran et de mon clavier ? Irène Jami (2008) et Elsa Dorlin (2009) rappellent les limites que Donna Haraway (1988) a pointé avec « le témoin modeste » permettant une lecture de l’histoire de la science moderne qui n’occulte pas ses exclusions de genre, ses exclusions sociales, ses exclusions de race.

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Mise en ligne, 2 mai 2013.

Transféminisme

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(Source : Télérama)


Introduction – Karine Espineira & Arnaud Alessandrin

Question trans et féminisme font-ils bon ménage ? Peut-être pourrait-on incriminer, à la manière de Marie Helene Bourcier, le fait que les féministes universitaires françaises ne se soient pas plus penchées sur les productions subculturelles d’altérité du genre. Le féminisme hégémonique tel qu’il s’est élaboré et instauré en France, a connu un backlash (Macé, 2003) avec l’arrivée d’un féminisme « pro-femme » dépolitisant et naturalisant. 

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Du transféminisme comme présence et analyse au monde
Maud-Yeuse Thomas
 

Le terme renvoie à une alliance entre le mouvement trans et le mouvement postféministe (…) La question du féminisme chez les trans est récente et à trait pour l’essentiel non pas à une appartenance sociosexuelle de groupe -ce qui compose ces féminismes, première et seconde génération- mais à une analyse politique de la société telle qu’elle reste fondée sur une inégalité structurelle, inventant un « sujet-patient » trans « hors-normes (« marginal », « minoritaire ») afin de valider une « affection ». 

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Le transféminisme
Association OUTrans 

Le point du départ de notre réflexion sur la convergence des luttes trans et féministes et leur articulation dans le terme « transféminisme » était le constat que la transphobie contre laquelle lutte notre association est un produit de plusieurs systèmes de rapport de pouvoir. Le courant du féminisme qui nous est proche et qui selon nous, ouvre la possibilité de tisser des alliances politiques entre les groupes minorisés : est un courant dit de la « troisième vague », c’est-à-dire le courant qui interroge le sujet politique de « nous, les femmes » (Monique Wittig, Gayle Rubin, bell hook, Audre Lorde, Judith Butler, Angela Davis). 

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Qui a peur des transféministes ?
Association Genres Pluriels 

En changeant de rôle social, les personnes trans* modifient les attentes de la société, rendant caduques les postulats naturalistes sur lesquels se fondent les discriminations sexistes. Quand une personne ne peut rentrer dans une des catégories binaires pré-établies, la société force la catégorisation par le renvoi systématique aux aspects pseudo-biologiques – excluant de fait les réalités intersexes – et par la pathologisation des comportements et revendications « non cis-conformistes ».

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Féminisme(s) et littérature marocaine :
Le devenir-femme des corps transidentaires
Jean Zaganiaris

Dans « On ne nait pas femme », Monique Wittig écrivait que les lesbiennes n’étaient pas des femmes. Elle ne sous-entendait pas par là que les lesbiennes devaient devenir des hommes mais plutôt qu’il était temps de rompre avec les binarités de genre naturalisées historiquement (…) Il y a des pages très belles de l’écrivain marocain Abdelkébir Khatibi dans Le livre du sang (1979) sur la figure de ce qu’il nomme le corps androgyne. Abdelkébir Khatibi, connu pour ses écrits sur les identités culturelles multiples et ses implications avec Paul Pascon dans la mise en place des enseignements de sociologie au Maroc, a également posé le problème de la déconstruction des genres et de l’identité dans ses romans.

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Fémonationalisme : du paradoxe de la « libération » des femmes

Roa’a Gharaibeh

 

Qu’est ce que le concept du fémonationalisme porte en son nom ? Pour répondre à cette question, il semble intéressant d’aller ailleurs. Cet ailleurs se trouve dans l’Histoire des mouvements féministes arabes du début du XXe. Les premières féministes égyptiennes se disaient féministes et nationalistes. Ce qui nous intéresse dans cette qualification provient de l’auto-identification. C’est bien les féministes elles-mêmes, qui, en prenant la parole et en écrivant, s’affirmaient en tant que féministes et s’alliaient à la lutte nationaliste anticolonialiste de leur pays. 

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Trans-conjugalité

Trans-conjugalité

 

 

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Introduction

La parentalité et la conjugalité sont deux des thématiques sur lesquelles le droit ne cesse d’être contourné à travers les pratiques des personnes et des activistes Trans. Rien dans le droit n’empêche concrètement une Trans-conjugalité. À la condition tout de même, et ce n’est pas négligeable, que les demandes de reconnaissances liées à cette conjugalité ne formulent pas d’homo-conjugalité. Nous avons demandé à trois couples comment se vit cette « transconjugalité » que P. Califia décrivait comme ces « invisibles hors-la-loi du genre » (lire l’article).

Entretiens

Pour Swann et Sandrine : « Nous sommes des aliens pour le reste du monde ! ».

Pour Marion et Catherine : «  ce cheminement est aussi une transition pour le conjoint ».

Pour Georges et Jeanne : « Quelqu’un avec qui partager mes peurs, mais aussi mon bonheur »

Introduction : trans & scolarité

 

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source : http://www.sundancechannel.com/transgeneration/photos/

 

Transcolarité : commencer par en parler.

 


 

 

            Il faut défaire la question trans’ de l’âge adulte : l’image d’hommes et des femmes dans le mauvais corps dont les uniques épreuves et résolutions seraient médicales. Si tel est le propos, on considère que c’est la transition qui est problématique. Or, en regardant plus en amont, on se rend compte que la disjonction entre genre assigné et expériences de genre recouvre d’autres problématiques et concerne d’autres sphères. Celle à laquelle nous avons décidé de nous intéresser ce mois ci dans l’ODT (Observatoire Des transidentités) est l’école. Il s’agit là d’un sujet plutôt classique : la socialisation, l’institution scolaire. Mais, saisi par la question trans’, le sujet se complexifie. D’une part car il permet de sortir des « stéréotypes » que diffuse le système d’enseignement pour s’intéresser à leurs effets. D’autre part car il ajoute à la prise en compte des minorités un élément qui dépasse l’exemple « trans’ » sans pour autant le limiter aux « filles » : l’identité de genre.

            Pour ce dossier, nous vous proposons deux textes, un témoignage et une interview. Les deux textes, d’Arnaud Alessandrin et de David Latour reprennent les chiffres français et internationaux disponibles en la matière et restituent quelques éléments concrets qui illustrent la mise à l’écart des trans’ dans l’institution scolaire. Enfin, puisque la question de la transphobie semble intéresser le ministère de l’éducation, nous avons demandé à Johanna Dagorn, sociologue de l’école, de répondre à nos questions sur le nouvel « Observatoire des violences scolaires » dirigé par E. Debardieux et sur ses possibles ramifications du côté des violences de genre.

            Nous sommes conscients que ce dossier est, forcément, lacunaire. Il ne répond pas à toutes les interrogations que nous sommes en mesure de nous poser sur cette question. Qu’en est-il des enfants de trans’ à l’école ?  Qu’en est-il des enfants intersex’ ? On pourrait aussi reprocher à ce dossier de lisser les âges de la vie : l’altérité de genre en maternelle n’est pas  l’altérité de genre au lycée. De même que les filières ou les lieux d’habitation. Mais nous n’avons pas la prétention d’être exhaustifs. Juste de commencer à en parler. 

 

 

Karine Espineira

Maud Yeuse Thomas

Arnaud Alessandrin

Queer Arts

 

Lazlo

LAZLO PEARLMAN, MON AMI

Rachele Borghi

Glenn Le Gal

 

«Are you happy ?» « Yes, thank you, this is a beautiful question. My happiness is about life, not about gender». C’est par cette phrase prononcée dans le film « Fake orgasm », que l’approche et la philosophie de Lazlo Pearlman sont résumées.

 

Une vie de performeur, activiste et enseignant dédiée à la rupture d’avec les préjugées, les idées reçues et les dogmes concernant le genre et le sexe. 

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DYKES-IN-BLACK_mariK_2.jpg

Entretien avec Naïel Lemoine

Photographe

Qu’est- ce qu’être Trans?
 

Qu’est-ce que la/les militances? Pour quoi? Pour qui? Comment?..
 

Qu’est que l’Art?
 

Sans les coucher sur le papier, on présuppose que ces trois thèmesfont l’objet d’un consensus au niveau de leur contenu, ce qui est loin d’être le cas.

 

 

 

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Queer Arts

Lazlo

Photo by Kendra Kuliga, Cielo Production 

LAZLO PEARLMAN, MON AMI

Rachele Borghi

Glenn Le Gal

 

«Are you happy ?» « Yes, thank you, this is a beautiful question. My happiness is about life, not about gender». C’est par cette phrase prononcée dans le film « Fake orgasm », que l’approche et la philosophie de Lazlo Pearlman sont résumées.

Une vie de performeur, activiste et enseignant dédiée à la rupture d’avec les préjugées, les idées reçues et les dogmes concernant le genre et le sexe. 

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DYKES-IN-BLACK_mariK_2.jpg

Entretien avec Naïel Lemoine

Photographe

Qu’est- ce qu’être Trans?
Qu’est-ce que la/les militances? Pour quoi? Pour qui? Comment?..
Qu’est que l’Art?

Sans les coucher sur le papier, on présuppose que ces trois thèmes font l’objet d’un consensus au niveau de leur contenu, ce qui est loin d’être le cas.

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Entretien avec Abdella Taïa

      Entretien par Jean Zaganiaris

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Auteur de Une mélancolie arabe (Seuil, 2008) et Le jour du roi (Seuil, 2012, Prix de Flore), Abdellah Taïa vient de publier son dernier roman Infidèles aux éditions du Seuil. Connu pour avoir fait son coming out au Maroc et pour revendiquer publiquement son homosexualité, Abdellah Taïa est un écrivain important du champ littéraire contemporain.

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