Erratum : Après avoir entendu à plusieurs reprises que « nous » (les « deux trans ») du projet avaient associées par les deux collaborateurs de l’époque (2012), nous tenons à préciser, que « j’ai » (Karine) a écrit la plus grande partie de cette introduction. De fait, c’est ce « je » qui a parlé avec Maxime Foerster de relancer ce projet et le « nous » des premiers essais (2005-2007), c’est Maud et Karine.
La Transyclopédie a enfin vu le jour. Elle ne pouvait ne pas être à l’honneur ce mois-ci. La genèse de ce premier dictionnaire des cultures trans mérite qu’on s’y arrête. Le « T » est aujourd’hui plus en vogue mais il ne l’a pas toujours été dans le monde de l’édition notamment. Les Éditions « Des Ailes sur un tracteur » nous ont aimablement autorisé la reproduction de l’introduction originale de l’ouvrage que nous tenions à livrer dans sa forme la plus authentique. Toutefois, cette introduction en appelait une autre qui se déroule ici sous vos yeux.
Le « je » est celui de l’une des actrices de l’Observatoire et le passage du « je » au « nous » symbolise une association de bonnes volontés autour d’un projet pensé et bienveillant. Quand l’individu seul ne suffit pas, un collectif soudé par la confiance parvient à atteindre des objectifs longtemps pensés comme inaccessibles mais éminemment nécessaires.
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La Transyclopédie : tout savoir sur les transidentités
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Aux éditions Des Ailes sur un tracteur
Reproduction de l’introduction originale
Tout projet a une histoire et longtemps le souhait a revêtu l’habit du rêve. Avec La Transyclopédie, c’est aussi l’idée d’un dictionnaire des cultures trans qui voit le jour. En 2005, Maxime Foerster avait initié un tel projet qui avortera probablement en raison du contexte car les motivations étaient déjà bien là. Un an plus tard, je reprenais le projet avec l’accord de Maxime Foerster. Comme il était difficile de mobiliser des ressources associatives et militantes en France j’avais fini par contacter des personnalités comme Kate Bornstein, Leslie Feinberg, Riki Wilchins, James Green, Curtis Hinkle, Lynn Conway, Marie-Noëlle Baechler, Gennaro Selvaggi, Stan Monstrey, Andres Rivera, Kim Pérez, Yasmenee Jabar ou encore Rachael Wallbank. Certains d’entre eux avaient répondu favorablement au projet qui prenait alors une orientation internationale d’autant plus que les chirurgiens thaïlandais avaient tous donné un accord de principe. Épaulée par Maud-Yeuse, nous avons alors effectué des démarches hexagonales. Le « je » cède ici sa place au « nous ».
Pensée plus anecdotique, les chercheur-e-s du centre Georges Devereux ont parfois dû sourire face à notre candeur et à l’amateurisme de certaines de nos démarches mais l’accueil a toujours été bienveillant. Maxime Foerster et Bambi (Marie-Pierre Pruvot) répondent présents et nous en sommes ravis. De même, Louis-Georges Tin nous a fait bénéficier de quelques conseils avisés. Cependant impossible de « vendre » le projet. Nous jetons l’éponge à notre tour mais aucune de nous n’abandonne totalement l’espoir de voir un tel ouvrage voir le jour.
La troisième étape de cette naissance coïncide avec l’élaboration de l’Observatoire Des Transidentités en 2010. En effet parmi les nombreux projets esquissés figurait en bonne place la résurrection du « dico trans ». Au fil de ses découvertes sur Internet, Maud-Yeuse remarque une maison d’édition nommée « Des Ailes sur un tracteur ». « La lynx » flaire « un truc ». Elle nous oriente vers eux et Arnaud établit le premier contact avec son énergie et son optimisme habituels. L’étape devient un tournant. La rencontre avec Jérémy Patinier, aussi aventureux que la maison d’édition qui semble ludique et ouverte à propositions, redonne vie au projet. Nous avons trouvé le partenaire qu’il nous manquait. Tout devient possible.
L’idée d’une encyclopédie trans fait son chemin. Nous échangeons intensément. Les questions sont nombreuses et vitales. Un ouvrage trop universitaire ne passera pas auprès du public ni auprès des communautés ou groupes trans. Si l’ensemble est trop ludique, cela ne passera pas plus car les tensions sont aussi nombreuses que les enjeux sur le terrain sont sociaux et politiques. Les trans n’ont peut-être pas encore envie de rire tant les luttes sont acharnées et l’autodérision viendra en son temps. Il apparaît donc qu’il faut couper la poire en deux. Reste la question ô combien importante des mots et des terminologies.
En effet, comment décrire ou dénoncer la xénophobie sans prononcer les mots racisme ou xénophobie, raciste ou xénophobe ? Autre exemple, peut-on parler du sexisme sans prononcer le mot de patriarcat ? La terminologie qui pose le plus de difficultés c’est bien entendu celle liée au concept et à la pratique médicale connue sous le nom de transsexualisme. Comment ne pas parler de transsexualité et de transsexuel-le-s sans faire du « transsexualisme » ou sans passer pour des « transsexualistes » ? Un révisionnisme ne peut pas être combattu par un autre révisionnisme. La prudence s’impose. Il nous est cependant impossible d’échapper à ces mots qui ont un contexte et une histoire. Libre à chacun-e d’y trouver son parti.
Notre volonté est celle de l’association. Plutôt que de nous contenter de copier-coller des interfaces web des associations et collectifs transidentitaires, nous avons lancé un appel à auto-présentation. Nous remercions les structures qui ont participé (Mutatis Mutandis, Chrysalide, OUTrans, STS, l’ANT, Le collectif STP, SC Reloaded et le GEsT). Certaines entrées nous ont demandé des démarches spécifiques. On peut parfois « mal faire ce que l’on voudrait bien faire », alors nous nous sommes adressé-e-s à des sources estimées compétentes (Rachele Borghi, Bambi, Maxime Foerster, Rara Starblanket ou Vincent Guillot). D’autres contributions sont d’une grande qualité enrichissant indéniablement l’ouvrage (Brigitte Bellebeau, Jean Zaganiaris, Philippe Dourfer, Elsa Comails, Marielle Toulze, Elisabeth Rhodas, Laurence Hérault ou Patrice Desmond).
Plus que l’appartenance à la « communauté » trans, c’est la bien-traitance qui a guidé notre choix des contributeurs. Nombreux sont ceux qui ont pris soin d’élaborer une réelle déontologie d’écriture et c’est sur ce dénominateur commun que nous comptons nos alliés. Il ne s’agit ni de phagocyter les actions et les voix trans ni même de les cantonner au rôle de témoins ; mais bel et bien d’associer des expertises variées et des experts bienveillants ?
Nous parlerons des trans avec et sans majuscule, avec ou sans apostrophe. Les mots : transidentité, transgenre, transsexuel, transsexe ou travesti, seront ainsi écrits car ils font ou ont fait sens dans les diverses cultures trans, dans l’usage fait par la médecine et la psychiatrie, les juristes ou encore la police pour nous nommer, nous classer et nous normer à des degrés divers. Nous utiliserons la terminologie de la nosographie pour parler de concepts médicaux comme de la terminologie militante pour parler des revendications et des objets associatifs. Nous nous en remettons aux lecteurs et lectrices…
Nous n’omettrons aucunes figures trans. Toutes ont une importance à nos yeux. Du cabaret à la table d’opération, du trottoir aux discussions ministérielles, des essais universitaires aux vidéos clips, tous les espaces et toutes les formes d’altérité du genre participent du trans. Nous entreprendrons, lorsque c’est possible, de les différencier, mais sans les hiérarchiser. Dans cet ouvrage nulle dénonciation juste pour faire acte de dénonciation, mais l’exposé responsable et bienveillant des courants culturels dits trans en ne perdant jamais de vue que des questions prédominent quand nous parlons de Culture avec ou sans la majuscule : Comment nous imaginons-nous ? Comment sommes-nous imaginé-e-s ? Que créons-nous ? Que bouleversons-nous au-delà d’un trouble dans le Genre, bien au-delà encore du trouble à l’ordre public ?
Arnaud Alessandrin – Maud-Yeuse Thomas – Karine Espineira – Jérémy Patinier
N.B : À l’heure d’écrire de ces lignes, nous avons appris que Rubis Karima, de l’association Les Myriades Transs de Limoges, a mis fin à ses jours. Nouvelle victime d‘une certaine transphobie d’Etat qui s’exprime entre autres par les affres subies par de nombreuses personnes pour l’obtention d’un état-civil.
Lysebeth Herry
Je me pose la question pourquoi avoir fait une trans- Encyclopédie. Lorsque vos vision ramène la transsexualité vers l’homosexualité. Ce n’est pas entièrement faux pour cette appelation. Mais la
transidentité n’est pas une orientation sexuelle on ne fait pas une réassignation pour le cul mais pour raccorder le physique avec l’esprit. Simone de Beauvoir c’est plantée. Pour nous les
transidentitaires c’est inné d’être une fille (femme) ou un garçon (homme) et la réparation c’est la réassignation pour aussi mettre notre identité conforme avec nous même. C’est très loin des
femmes à bites homosexuels et les histoires de cul d’Arnaud Alessandrin. Ta transidentité il n’y en a qu’une. Ce n’est pas parce que les êtres humains sont tous différent biologiquement qu’ils
devraient y avoir autant de genre. Ce que vous prônez n’est qu’une théorie fumeuse et utopique. Désolée de ne pas participer à vos fantasmes.
Cordialement.
Lyse.
Lysebeth Herry
Erratum:
Faute de frappe.
Il faut lire » La transidentité il n’y en a qu’une » à la place de » Ta transidentité… «