Par la présente nous adhérons au groupe de soutien des militanTes pro-Egalité des droits. Nous adhérons à la demande engageant le Parti Socialiste du Doubs à renoncer à sa plainte contre les militant-e-s pro-égalité (le mariage pour tou-te-s, l’adoption, la PMA, etc…) de Besançon.
Nous citons :
« Tout comme les personnes qui ont manifesté à Paris et à Nantes devant les locaux du PS, ces militant-e-s ont exprimé Mercredi soir à quel point de nombreuses personnes LGBTI et proches ont été blessé-e-s par le propos de François Hollande relatifs à la « liberté de conscience » des maires refusant de célébrer les mariages pour les couples lesbiens et gays, suite aux incitations à la haine et violences des manifestations anti-égalité de ce week-end.
Aucun bien matériel n’a été endommagé et aucune insulte envers qui que ce soit n’a été proférée à Besançon mercredi soir.
Si le PS avait fait preuve de plus de détermination concernant ses engagements relatifs à l’égalité des droits pour les personnes LGBT dès le début du processus législatif et s’était plus fermement positionné contre les dérives homophobes de ces dernières semaines, il n’y aurait pas eu d’actions publiques aux sièges des PS de Paris, Nantes et Besançon.
A Paris, le sénateur PS David Assouline a reçu une délégation de manifestant-e-s, à Nantes Fabrice Roussel, premier secrétaire fédéral du PS de Loire-Atlantique, était du côté des militant-e-s pour «rappeler les engagements pris par le PS », et François Hollande a dit lui-même regretter ses propos, reconnaissant par là-même que la colère des LGBT et des militant-e-s pro-égalité était légitime. Mais à Besançon le premier secrétaire fédéral du PS du Doubs, Nicolas Bodin, a annoncé qu’il portait plainte contre les militant-e-s pro-égalité de Besançon !
Il n’y a pratiquement aucune poursuite concernant les propos haineux, insultants et discriminatoires qui s’affichent publiquement dans la rue et les médias, ni contre les violences perpétrées par des manifestant-e-s homophobes. S’acharner à porter plainte contre des militant-e-s pro-égalité qui n’ont fait que coller des affiches très faciles à décoller ne ferait que renforcer l’inégalité de droits que les personnes LGBT subissent tous les jours où qu’elles aillent. »
A l’exposé des faits et de la situation une question : ne serait-il pas temps de reprendre nos esprits ?
Dans un climat qui n’a rien à renier à certains obscurantismes, la lutte légitime qui est celle de l’égalité des droits prend l’habit du subversif dans ces détours abscons où l’on en vient à condamner un simple collage d’affiche pour ne pas avoir à se pencher sérieusement sur une LGBTphobie hier encore sociétale. Face à elle, la violence, physique et verbale, dont les médias se font l’écho. Ce qu’il faut bien nommer un conservatisme de Parti, voire d’État, laisse deviner des justifications morales, républicaines et religieuses. C’est ici qu’il faut porter le fer, car ces temps qui devraient être ceux du progrès de société. Comment ne pas ressentir du désespoir ou du dépit à mesurer l’intolérance, les incompréhensions, les violences et la peur irraisonnée de la société des égalités et des libertés paradoxalement convoquée de toutes parts par les conservatismes de Droite ou de Gauche ?
MilitantEs, acteurs sociaux et scientifiques, médias de la presse écrite et audiovisuelle, chacun s’en trouve à décrire des violences, les termes de l’homophobie, du sexisme, du patriarcat, de la xénophobie et font les Unes. Quelle place pour l’analyse humaniste et les contre-pouvoirs quand ceux-ci sont soit bâillonnés soit donnés comme chair à broyer aux appareils d’État via ses institutions ? La société dite du progrès n’entend-t-elle plus les cris d’alarmes de ceux qu’elle est censée protéger ? Faut-il céder la place la place aux opinions les plus virulentes, les plus violentes, les plus conservatrices, les plus sexistes et les plus xénophobes alors ? Un jeune homme belge vient de se faire violer alors qu’il rentrait d’un baptême et ce n’est pas son viol qui est dénoncé mais son « travestissement ». Que dire des statistiques : 1 femme violée toutes les 8 minutes, 1 femme décède tous les 3 jours sous les coups de son conjoint ?
Sanction et franchissement deviennent des mots-clés. Tout franchissement de genre, tout franchissement de classe, tout franchissement d’orientation sexuelle, voire franchissement de culture devient alors objet de sanction valant pour sujet d’une régulation d’un vivre-ensemble. Société de culture ou de croyance ? Société postmoderniste ou rétro-patriarcale ? « Surveiller et punir » écrivait Foucault, « Sanctionner et oblitérer » semblerait-il adéquat d’ajouter. Qu’allons-nous faire des trans, des homos, des militantEs, des femmes, des enfants et proches des trans, des homos, des noirs, des beurs, des arabes et de tout ce qui n’est ni homme, ni blanc, ni riche, ni croyant, ni hétérosexuel ? Mais nous avons encore de l’espoir.
Nos partis valent mieux que ce qu’ils nous montrent en ces heures où la solidarité devrait primer sur toute autre considération. Solidarité avec : nos vieux délaissés, nos jeunes disqualifiés, nos sans-papiers pointés, nos sans emplois criminalisés, nos handicapés infantilisés… Une liste sans fin et susceptible de mobiliser tous les qualificatifs de la langue. Au lieu de cela, nous justifions le viol et le sexisme, nous criminalisons les expressions de genre et les orientations sexuelles, nous pointons l’Autre pour le maltraiter et le disqualifier. Où allons-nous ?
Nos cris d’alarme sont un rappel à la raison et non une condamnation à l’image de toutes celles qu’on nous assène désormais chaque jour.
La semaine dernière un groupe spontané de militantEs ont apposés des affiches sur le local PS du Doubs. En réponse, avec une haute référence au « sacrilège d’État », le PS local a décidé de porter plainte contre ces personnes conscientes aussi que ce rôle de citoyenNEs c’est d’alerter chacunE quand la république ou la démocratie perdent la tête. D’ailleurs, ne dénonçons-nous pas ces mêmes actions dans d’autres pays et d’autres régimes politiques ? Que dira le PS lorsqu’il s’agira ENFIN (et aussi) de poser les bonnes questions concernant les populations trans et intersex’ ?
Pour l’Observatoire Des Transidentités
Maud-Yeuse Thomas (chercheuse indépendante)
Arnaud Alessandrin (docteur en Sociologie)
Karine Espineira (docteure en Science de l’Information et de la Communication)
Liens pour agir et réagir :
Le site de soutien : http://besancon.no-life.info