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Fémonationalisme

Roa’a Gharaibeh

Doctorante en sociologie, université de Bordeaux


Fémonationalisme :
Du paradoxe de la « libération » des femmes

 

 

Introduction : Qu’est ce que le concept du fémonationalisme porte en son nom ?

 

Pour répondre à cette question, il semble intéressant d’aller ailleurs. Cet ailleurs se trouve dans l’Histoire des mouvements féministes arabes du début du 20ème siècle. Les premières féministes égyptiennes se disaient féministes et nationalistes. Ce qui nous intéresse dans cette qualification provient de l’auto-identification. C’est bien les féministes elles-mêmes, qui, en prenant la parole et en écrivant, s’affirmaient en tant que féministes et s’alliaient à la lutte nationaliste anticolonialiste de leur pays. Leurs luttes étaient à la fois antipatriarcale et anticoloniale. Dans cette perspective, le féminisme a été le fruit du croisement des luttes. Tout comme les Black féminists, les féministes arabes luttaient contre le patriarcat de leurs homologues et la colonisation des hommes « blancs ». C’est dans ce contexte qu’elles se définissaient elles-mêmes, et déclaraient leur volonté d’appartenir à la nation, en tant que féministes nationalistes. Parmi ces féministes, on peut distinguer deux branches. Premièrement, celle des féministes nationalistes portant un discours séculier. Et secondement, les féministes nationalistes revendiquant leur appartenance à la religion musulmane. Celles-ci, mettaient l’accent sur l’importance qui doit être portée sur la différenciation entre le message de la religion musulmane et le patriarcat comme universel. Ces féministes s’acceptaient entre elles sans que leurs différences ne les divisent. Car leur souci était plus celui de revendiquer l’indépendance de leur pays, que les différences religieuses existantes déjà dans leurs pays.

 

Pour saisir la particularité des revendications et des luttes des féministes nationalistes arabes, pour ensuite comprendre les particularités françaises, l’exemple du lord Cromer1 est intéressant. En effet, ce Général britannique ne cessait de renvoyer ce qu’il pensait comme « retard » de l’Égypte à l’appartenance de la religion musulmane. Ce faisant, il pensait le voile comme « obstacle » à la modernisation de l’Égypte et des femmes égyptiennes. En même temps, cet homme qui prônait le dévoilement pour « l’émancipation » des femmes colonisées est celui qui a créé la ligue contre le droit de vote des femmes anglaises. Voici, un exemple devant lequel les féministes arabes devaient faire face et réclamer haut et fort leur volonté d’appartenir à l’idéologie nationaliste anticoloniale. Pour cet homme blanc « les égyptiennes doivent être persuadées ou forcées de devenir civilisées par le dévoilement »2. Il nous semble pertinent de souligner que derrière ce discours avancé comme « libérateur » des femmes non blanches, et qui est au fond colonialiste et qui vente « la supériorité et la capacité » des hommes blancs de « civiliser » les femmes d’ailleurs, se trouve toute la problématique du fémonationalisme. L’exemple du voile et les discours autour de celui-ci semblent se pérenniser.

   

I° Voile et féminisme pour comprendre le fémonationalisme ?

 

Mais en quoi les débats3 sur les voiles sont-ils le vecteur d’un fémonationalisme ? Pour répondre à cette question, il nous semble intéressant de faire un rapprochement analytique entre le refus du voile en France et l’adoption du voile dans les discours nationalistes islamistes. En effet, ces derniers prônaient le voile comme identité à conserver face aux colonisateurs. Par le biais de cette appropriation du voile, les femmes étaient utilisées comme objets de résistance anticolonialiste. En France, peut-on parler d’un nationalisme féministe, qui semblerait faire des corps des femmes non-voilées, des corps de la nation ? Une femme voilée, ne peut être en aucun cas française, car elle porte un signe étranger à l’histoire de la nation française. En revanche, que fait-on de l’héritage chrétien ? Il nous semble très important de souligner que le voile intégral trouve son origine chez les assyriens4, dans l’ère chrétienne. Et si l’on prend le voile des nonnes, serait-il plus français ? Le refus du voile n’est-il pas, plus que le refus d’un tissu, le refus d’un corps étranger à la nation ?

 

Les débats et la loi prohibitionniste autour du voile en France disent quelque chose sur le  fémonationalisme. En 2004, à l’assemblée nationale, des hommes blancs français se sont sentis obligés à défendre la « libération » des femmes de cet objet, utilisant comme argument la soumission de celles-ci à leurs hommes. Le fond de ce débat ne serait-il pas la nouvelle version du discours du Lord Cromer ?  

 

Ce qui différencie les féministes nationalistes arabes des fémonationalistes français.e.s réside dans leurs raisonnements. Celui des féministes nationalistes arabes ne prônait point une supériorité quelconque  de leur nation. Mais leur besoin que cette dernière soit indépendante et libérée de la colonisation. Il semble que les discours fémonationalistes ne cessent en apparence de défendre la souveraineté de la nation française face à des corps menaçant cette souveraineté par leurs appartenances religieuses.

Si l’on admet que les féminismes5 sont l’arme pour lutter contre le patriarcat comme système socio-historique des rapports asymétriques de genre, il n’y aurait donc pas lieu de constituer une grille d’« émancipation ». En effet, il n’aurait pas des femmes et des hommes prioritaires plus que d’autres d’être « l’objet » de cette « émancipation »6. Dans cette perspective, il est légitime d’appréhender l’acharnement contre le voile des femmes « non blanches » comme source du raisonnement « raciste ». Dans ce dernier, les hommes « non-blancs » seraient plus patriarcaux et misogynes que les hommes blancs. Ces derniers, au nom de la nation française et la tradition « émancipatrice » de cette dernière seraient les défenseurs des femmes « non-blanches » contre les hommes « non-blancs ».

 

« Ce genre de théorisation féministe fut sévèrement jugé comme une tentative de colonisation et d’appropriation de cultures non-occidenatales, non seulement parce qu’on y défendait des idées éminemment occidentales d’oppression, mais qu’on tendait aussi à y construire un « Tiers Monde » ou encore un «Orient » où l’oppression de genre était, en guise d’explication, d’habilement convertie en un symptôme de barbarie primitive, non occidentale »7.

 

Dans les propos fémonationalistes se révèle le paradoxe qui semble être le fondement même du raisonnement fémonationaliste. Isabelle Lucas dit « la cause féministe est donc utilisée dans le but de stigmatiser l’immigration et tout particulièrement l’islam. Mais ces politiques se traduisent concrètement par l’exclusion d’une partie des femmes alors même que c’est au nom de l’égalité des sexes, qu’elle est soi-disant menée »8.

  

En 2011, la revue contre-temps propose un article intitulé « Comprendre l’instrumentalisation du féminisme à des fins racistes » écrit par Capucine Larzillière et Lisbeth Sal. Selon les auteures, le féminisme, en reprenant les arguments d’un « choc des civilisations » dont le mètre étalon serait l’émancipation des minorités (femmes ou homosexuelles), tend à se transformer en « fémonationalisme ». L’article resitue le contexte. En 2011, entre l’affaire DSK et l’affaire Tron, la question des violences faites aux femmes est devenue une question médiatique. Avec le reportage « La cité du mâle », un autre visage de cette violence est montré, celle du « garçon arabe ». « Mais, soulignent les auteurs, entre ces deux manifestations […] rien de commun dans l’analyse qui en est dressée par les médias [… ] la culpabilité de DSK est apparue très improbable et la contre-offensive de ses avocats mettant en cause sa victime a été accueillie avec soulagement. […]. Rien de tel en ce qui concerne les violences en banlieue : l’énumération des faits fait système. L’explication coule de source : la violence renvoie à l’image d’un homme étranger vu comme forcément barbare, : le musulman. Toute une série de stéréotypes attachés à l’islam sont mobilisés dans ce sens : arriération des mœurs […], traditions machistes et patriarcales (excision, lapidation, polygamie, etc.) ».

 

Dans la dénonciation des pratiques musulmanes qualifiées comme « gravement » misogynes, face desquelles il faudrait que la nation française agisse en faveur des femmes pensées comme opprimées à cause de leur « culture », on en revient aux propos fondamentaux de la pensée colonialiste. S’ajoutant à notre raisonnement celui de l’homonationalisme. On verra comment ces deux concepts peuvent être lus dans la continuité du « choc des civilisations ».    

 

 

II° Homonormativité et Homonationalisme indispensable à la compréhension du fémonationalisme

 

Tout comme les débats des féministes autour d’une étrangeté inévitable de ce qui ne représente pas la république française, le garçon « non-civilisé », la fille voilée, le retard « d’autres femmes », on peut faire le lien avec le concept de l’homonormativité.

 

Selon Maxime Cervulle, poser la question de l’homonormativité revient à poser la question suivante : Comment penser l’articulation entre l’agenda politique gay et lesbien contemporain, marqué par une volonté d’assimilation normative, et le rôle nouveau qu’endosse la lutte contre l’homophobie au sein de la sphère publique ? (Homo Exoticus, 2010).

 

Aussi, le concept de l’homonationalisme s’invite dans la discussion pour montrer encore une fois  que pour les pays « civilisés », l’adoption des corps « non hétérosexuels » et « hors-normes » est une caractéristique d’une tolérance spécifique à ces pays. Et comment, en face de cette tolérance, il y aurait « ailleurs » une intolérance à leur égard.

 

« L’homonationalisme est ainsi la manifestation d’une collusion entre homosexualité et nationalisme aussi bien générée par les sujets gays, lesbiens et queers eux-mêmes que par la rhétorique de l’inclusion patriotique dans la nation. La production de corps gays, lesbiens et queers joue un rôle crucial dans le déploiement du nationalisme états-uniens, dans la mesure où ces corps pervers entérinent la norme hétérosexuelle, mais également en ce que certains corps homosexuels domestiqués approvisionnent en munitions les projets nationalistes »9.

 

Bien que Jasbir K. Puar développe sa thèse autour de l’homonationalisme au contexte nord-américain, il est possible de comprendre ce concept en miroir avec le fémonationalisme. Ce dernier serait d’une certaine façon, un produit d’une représentation exagérée de ce que la république française offre comme perspective émancipatrice aux femmes et aux homosexuel.es à condition qu’ils/elles ne bravent en rien les préceptes républicains, laïcs et héritiers de la longue histoire en dehors de l’islam10. Dans cette optique, on peut penser la construction des rapports à la nation par leur déconstruction comme Térésa de Lauretis pense la notion de genre. « Paradoxalement donc, la construction du genre est aussi affectée par sa déconstruction : c’est-à -dire par tout discours, féministes ou non, qui vise à l’écarter en tant que déformation idéologique. Car le genre, comme le réel, est non seulement l’effet de la représentation mais aussi son excès, c’est à dire ce qui reste en dehors du discours comme un traumatisme potentiel susceptible de briser ou déstabiliser toute représentation s’il n’est pas contenu »11. Dans cette optique, on comprend bien comment les subjectivités qui se revendiquent « en marge » des commandements républicains ne puissent pas se faire intégrer sans qu’elles ne fassent des concessions. Ces dernières seront la porte d’entrée dans la nation. Or, si l’on admet que les subjectivités se construisent au plus près des constructions singularistes des individualités, il n’y a pas lieu de concessions à faire pour se faire accepter. Toutefois, on trouve des exemples qui montrent comment la République « émancipatrice » arrive en quelque sorte à pousser les individus à laisser derrière eux une partie fondamentale de leur construction afin qu’ils se fassent reconnaître au sein de la nation républicaine.

 

 

III° Ici et maintenant : l’exemple des Ni putes Ni soumises

 

« Si certaines féministes peuvent apporter une contribution à une politique raciste ou impériale, c’est qu’elles saisissent là des opportunités stratégiques, des occasions d’avancer leurs propres revendications en profitant d’une ouverture offerte par le système raciste »12.

 

En 2004, le mouvement Ni putes Ni soumises, affiche sa position en faveur d’une loi prohibitionniste du voile. Il semble que ce mouvement appuie sa position contre le voile à partir du « terrain ». Cependant, en affichant une opposition catégorique contre « l’objet » de la « soumission » cachée derrière ce voile, le mouvement s’inscrit dans la voie républicaine qui condamnerait les hommes musulmans d’une lourde peine d’exclusion. Ces hommes ne peuvent pas s’en sortir au sein de la République contrairement à ces femmes de « culture d’origine » musulmane. Elles, en fondant Ni putes Ni soumises s’insèrent dans la société française de part leur alliance sans faille aux valeurs laïques et républicaines. Il semble que ce mouvement ait bien intériorisé le schéma indispensable à l’inclusion au corps républicain. De ce fait, les adhérentes de ce mouvement adhèrent à la république en condamnant haut et fort la « domination masculine » de leurs semblants stigmatisés et stigmatisables, « les hommes Arabes et Noirs ». En d’autres termes, les musulmans. Poussant le raisonnement jusqu’au bout, en se baladant sur les plateaux de télévisés avec bonnet phrygien quelques adhérentes du mouvement affichent clairement leur position auprès de la république et contre le voile. Ce dernier est donc pris comme cible des valeurs antirépublicaines qu’il faut combattre. 

 

Le mouvement soi-disant « féministe » Femen est un autre exemple nous aidant à comprendre les composantes du fémonationalisme. Ce mouvement s’est constitué en dehors de la nation française, mais qui est ensuite venu s’installer dans la république pour dénoncer les machismes ambiants. Il suffit de porter l’attention sur l’image en performance de ces Femen pour comprendre en quoi elles peuvent être lues comme « fémonationalistes ». En effet, elles sont couronnées des fleurs et affichent les couleurs du drapeau ukrainien. Face à la présence médiatique des actions Femen que l’on peut observer depuis leur arrivée en France, il semblerait légitime de poser la question de la possibilité de voir une féministe islamique voilée sur les mêmes plateaux télévisés qui ne cessent de parler de ce mouvement…   


 Notes

 

[1] Leila Ahmed, Women and Gender in Islam, Historical Roots of a Modern Debate. Yale University Press, New Heaven& London. 1992.

 (2) Feminism as Imperialism George Bush is Not the First Empire-Builder to Wage War in the Name of Women by Katharine Viner in Guardian/ UK. Publié le samedi 21 septembre 2002.

(3) Sur du mot débats autour du voile, Félix Boggio Ewanjé-Epée et Stella Magliani-Belkacem disent qu’il n’est pas vraiment légitime de déployer le terme du débat. En effet, pendant les discussions autour de l’interdiction du voile à l’école, les femmes voilées avaient été peu entendues. Les féministes blanches et l’empire. La fabrique éditions, 2012. p.7.

(4) Ahmed Leila, Women and Gender in Islam, Historical roots of a Modern Debate. Yale University Press, New Heaven& London, 1992.

(5) Dans cet article, je suis l’approche butlerienne, qui ne pense pas que le sujet du féminisme soit la défense des femmes.  Judith Butler, Trouble dans le genre, pour un féminisme de la subversion. Editions la découverte, Paris, 2005. 

(6) Je mets le concept d’émancipation entre guillemets, car pour moi, et en suivant l’approche foucaldienne, je ne vois pas dans le patriarcat la domination masculine contre laquelle il y’aurait une émancipation totale. Mais plutôt un fléau des rapports de pouvoir dans lesquels, il y aurait lieu des conflictualités, des tensions et des pratiques de liberté.

(7) Judith Butler. Trouble dans le genre, pour un féminisme de la subversion. Editions la découverte, Paris, 2005. p.63.

[8] http://www3.unil.ch/wpmu/ple/2012/07/la-strategie-feministe-a-lepreuve-du-nationalisme-sexuel/ 23 juillet 2012 

[9] Puar Jasbir K. (2012), Homonationalisme : La politique queer après le 11 septembre 2001. Editions Amsterdam, Paris. p.10. 

(10) Arnaud Alessandrin, Roa’a Gharaibeh, Marielle Toulze, « Les figures voilées, homosexuelles et prostituées en prise au nationalisme » in « Les sociologues dans la cité » Harmattan, Juin 2013 (à paraître).

(11) De Lauretis Térésa (2007), Théorie queer et cultures populaires : De Foucault à Cronenberg. Edition La Dispute, Paris. p.42.

(12) Félix Boggio Ewanjé-Epée et Stella Magliani-Belkacem, Les féministes blanches et l’empire. La fabrique éditions, 2012. p.15.


Mise en ligne, 6 avril 2013.

 

Transféminisme

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(Source : Télérama)


Introduction – Karine Espineira & Arnaud Alessandrin

Question trans et féminisme font-ils bon ménage ? Peut-être pourrait-on incriminer, à la manière de Marie Helene Bourcier, le fait que les féministes universitaires françaises ne se soient pas plus penchées sur les productions subculturelles d’altérité du genre. Le féminisme hégémonique tel qu’il s’est élaboré et instauré en France, a connu un backlash (Macé, 2003) avec l’arrivée d’un féminisme « pro-femme » dépolitisant et naturalisant. 

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Du transféminisme comme présence et analyse au monde
Maud-Yeuse Thomas
 

Le terme renvoie à une alliance entre le mouvement trans et le mouvement postféministe (…) La question du féminisme chez les trans est récente et à trait pour l’essentiel non pas à une appartenance sociosexuelle de groupe -ce qui compose ces féminismes, première et seconde génération- mais à une analyse politique de la société telle qu’elle reste fondée sur une inégalité structurelle, inventant un « sujet-patient » trans « hors-normes (« marginal », « minoritaire ») afin de valider une « affection ». 

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Le transféminisme
Association OUTrans 

Le point du départ de notre réflexion sur la convergence des luttes trans et féministes et leur articulation dans le terme « transféminisme » était le constat que la transphobie contre laquelle lutte notre association est un produit de plusieurs systèmes de rapport de pouvoir. Le courant du féminisme qui nous est proche et qui selon nous, ouvre la possibilité de tisser des alliances politiques entre les groupes minorisés : est un courant dit de la « troisième vague », c’est-à-dire le courant qui interroge le sujet politique de « nous, les femmes » (Monique Wittig, Gayle Rubin, bell hook, Audre Lorde, Judith Butler, Angela Davis). 

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Qui a peur des transféministes ?
Association Genres Pluriels 

En changeant de rôle social, les personnes trans* modifient les attentes de la société, rendant caduques les postulats naturalistes sur lesquels se fondent les discriminations sexistes. Quand une personne ne peut rentrer dans une des catégories binaires pré-établies, la société force la catégorisation par le renvoi systématique aux aspects pseudo-biologiques – excluant de fait les réalités intersexes – et par la pathologisation des comportements et revendications « non cis-conformistes ».

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Féminisme(s) et littérature marocaine :
Le devenir-femme des corps transidentaires
Jean Zaganiaris

Dans « On ne nait pas femme », Monique Wittig écrivait que les lesbiennes n’étaient pas des femmes. Elle ne sous-entendait pas par là que les lesbiennes devaient devenir des hommes mais plutôt qu’il était temps de rompre avec les binarités de genre naturalisées historiquement (…) Il y a des pages très belles de l’écrivain marocain Abdelkébir Khatibi dans Le livre du sang (1979) sur la figure de ce qu’il nomme le corps androgyne. Abdelkébir Khatibi, connu pour ses écrits sur les identités culturelles multiples et ses implications avec Paul Pascon dans la mise en place des enseignements de sociologie au Maroc, a également posé le problème de la déconstruction des genres et de l’identité dans ses romans.

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Fémonationalisme : du paradoxe de la « libération » des femmes

Roa’a Gharaibeh

 

Qu’est ce que le concept du fémonationalisme porte en son nom ? Pour répondre à cette question, il semble intéressant d’aller ailleurs. Cet ailleurs se trouve dans l’Histoire des mouvements féministes arabes du début du XXe. Les premières féministes égyptiennes se disaient féministes et nationalistes. Ce qui nous intéresse dans cette qualification provient de l’auto-identification. C’est bien les féministes elles-mêmes, qui, en prenant la parole et en écrivant, s’affirmaient en tant que féministes et s’alliaient à la lutte nationaliste anticolonialiste de leur pays. 

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