Pauline Schaming

Responsable de l’équipe QueerWeek 2012

 

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En 2010, un groupe d’étudiants en master à Sciences Po Paris organise la première Queer Week: une initiative unique dans le monde universitaire et étudiant français. Pour la première fois, une semaine est consacrée aux questions de genre et de sexualités, à travers le prisme de la théorie Queer.

N’était-il pas anormal que la France en général et Sciences Po en particulier ne se soient pas appropriés la pratique américaine des “Queer Weeks”, semaines de réflexion autour des questions de genre et de sexualité, apportant ainsi à la théorie Queer l’éclairage qu’elle rencontre à travers les programmes de recherche des plus grandes universités outre-Atlantique ? Trop souvent, ces problématiques font l’objet d’idées préconçues, conscientes ou non, qui empêchent la réflexion et la remise en question des normes. Ainsi, la Queer Week est née d’un désir de faire naître un intérêt pour l’étude de ces questions, que ce soit par le biais des sciences sociales, de l’économie, de la philosophie ou encore de l’érotisme. Son organisation est entièrement bénévole et autonome, même si elle a pu disposer d’un support institutionnel de la part de l’école.

En 2012 a eu lieu la troisième édition, du 5 au 8 mars. L’occasion de constater la pérennisation du projet au sein des murs de Sciences Po comme un évènement récurrent attendu par les étudiants de l’école et d’ailleurs ! Le projet a connu un succès égal à celui des années précédentes, et devrait donc être de retour en 2013.

L’édition 2012 avait pour thème : “DUR A QUEER: DISCOURS DOMINANT ET ESPACES DE RÉSISTANCE”

Le discours dominant c’est celui que tient la société sur la norme à observer, dans les domaines de la sexualité (être hétérosexuel/être déviant), des comportements sociaux (en matière de genre par exemple: qu’est ce qu’être un homme/une femme), mais aussi de manière générale tous les domaines (sciences, éducation, religion, institutions…) puisqu’aucun n’échappe à cette règle de la hiérarchisation des valeurs.

Parler de “discours” est un des fondamentaux de la théorie queer, qui dit que toutes ces

catégories créées par la norme sont produites avant tout par le pouvoir des mots, et non pas par des faits concrets/scientifiques/naturels qui viendraient justifier leur existence.

Être queer, c’est donc s’amuser à contourner, déjouer, se jouer de, déconstruire la norme, pour se réinventer des identités multiples et fluides. C’est ainsi que nous créons nos “espaces de résistances”, ces poches de liberté qui résistent aux codes traditionnels.


Site de l’événement, http://www.queerweek.com/

Mise en ligne : 18 mai 2012