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Étiquette : Transidentité

Tom Reucher Dépsychiatriser sans démédicaliser

Tom Reucher
Psychologue clinicien, trans FtM,
Transidentité:
http://syndromedebenjamin.free.fr


 

Dépsychiatriser sans démédicaliser,
une solution pragmatique

 

1. Petit lexique

La médecine puis la société désigne les trans’ par des termes inadaptés: “transsexualisme”, “transsexualité”, “transsexuel”, qui renvoient à une question de sexualité. Ces termes sont issus d’une confusion entre l’attirance amoureuse et sexuelle et l’identité de genre en prenant comme modèle homosexualité et hétérosexualité.

Nous préférons parler de “transidentité” car c’est une identité. Transidentité au sens des identités trans’, qu’elles soient transsexes (plutôt que “transsexuelles”) ou transgenres. Le terme “transsexe” est construit sur le modèle “transgenre”. Nous disons les “personnes trans’” ou “les trans’” (avec une apostrophe) quand nous parlons des “personnes transsexes et transgenres”. Comme vous le savez, les trans’ peuvent être hétérosexuels, homosexuels, bisexuels, asexuels… Nous n’utilisons plus “transsexualité” ni si possible “transsexualisme”, les deux étant remplacés par “transidentité”.

2. Problématique de l’identité de genre

Il s’agit d’un développement atypique ou d’une variation de l’identité de genre, non d’un trouble. Si seule une minorité de personnes présente cette variation du développement identitaire, cela n’en constitue pas pour autant une pathologie. Pas plus que la minorité des gauchers n’a un trouble de l’habileté sous prétexte qu’elle est moins nombreuse que la majorité droitière.

3. Dépsychiatriser la transidentité

Après la sortie de l’affection psychiatrique de longue durée pour une ALD hors liste, la France avait prévu de demander à l’OMS de dépsychiatriser la transidentité. Toutefois, avec le changement de gouvernement, nous ne savons pas si cette démarche sera poursuivie.

 3.1. Dépsychiatriser et démédicaliser

Dépsychiatriser ne suffit à pas à nombre de trans’ qui voudraient aussi la dépathologisation ou démédicalisation, c’est à dire la sortie de la Classification Internationale des Maladies et de tout autre manuel. Ils pensent que la prise en charge n’a pas besoin de lister la transidentité dans une quelconque classification de maladies, son remboursement ne devant être qu’une volonté politique. Si je suis d’accord sur le fond (ce n’est pas une maladie), je suis conscient que nombre de pays ne sont pas politiquement prêts à prendre en charge des problématiques qui ne sont pas considérées par l’OMS comme ayant besoin de soins (les traitements hormonaux et chirurgicaux sont des soins). La sortie de la CIM entraînerait la suppression de la prise en charge par les systèmes d’assurances maladies dans de nombreux pays alors que les traitements hormonaux et chirurgicaux sont très coûteux. C’est pourquoi je propose une solution pragmatique permettant l’accès aux traitements hormonaux et chirurgicaux pour les trans’ qui le souhaitent et qui n’ont pas les moyens de les financer. Rien n’empêchera les personnes qui veulent tout payer de continuer à le faire.

      3.2. Pourquoi dépsychiatriser

Depuis qu’elle existe, la psychiatrie a été utilisée par les états pour définir ce qui est “normal” ou pathologique, ce qui acceptable ou inacceptable. On a donc pathologisé ce qui ne convient pas à la morale, à la majorité, ce qu’on ne comprend pas et qui dérange, afin maintenir un certain ordre. L’homosexualité, l’autisme, la transidentité, certaines formes de pratiques sexuelles qui n’aboutissent pas à la procréation (BDSM [bondage, domination, soumission, masochisme], sodomie, jeux sexuels…), etc.

Cette fâcheuse habitude de classer dans les maladies mentales tout ce que l’on ne comprend pas ou qui dérange est à interroger.

Déclassifier la transidentité de la liste des maladies mentales ne veut pas dire démédicaliser. Les trans’ ont besoin de soins (hormones, épilation définitive, chirurgie…), d’accompagnement psychologique, ça ne veut pas dire qu’ils ont une maladie mentale. Par ailleurs, il est plus facile de faire un travail psychologique avec une personne quand elle n’est pas contrainte à consulter. Un travail psychologique sur la déconstruction des “normes”, de la honte de soi, du sentiment d’être une mauvaise personne, de ne pas être digne d’être aimé… est souvent utile. Une fois le problème de l’accès au traitement hormonal résolu, de nombreux trans’ n’hésitent pas à faire cette démarche.

Depuis plus d’un siècle, la psychiatrie n’a eu de cesse de trouver une réponse contre la transidentité. Après avoir essayé tous les traitements disponibles (cure de Sakel, comas insuliniques, électrochocs appelés maintenant sismothérapie ou encore électro-narcose, lobotomie, molécules neuroleptiques et neurochimiques, psychothérapies diverses y compris les aversives…) en combinaison ou en association, aucune piste causale ni thérapeutique ne se dégage. Si aucune thérapie psy n’a guéri une variation de l’identité de genre, les hormones et la chirurgie (pour les trans’ qui le souhaitent) améliorent considérablement leur vie depuis plus de 60 ans. Pourquoi leur refuser ce qui les aide le plus? Pourquoi vouloir contrôler les corps et les identités trans’?

Transférer la responsabilité de la décision du traitement à la personne trans’ plutôt qu’à un psy me semble être la piste la plus efficace. Quand les patients concernés sont mis en situation de décider de commencer le traitement qu’ils demandent dès qu’ils le souhaitent, ils ne se précipitent pas tous chez l’endocrinologue. Certains vont temporiser et commencer un travail psychologique ou attendre que leur situation personnelle ou professionnelle soit plus favorable.

Il reste qu’on ne peut pas exiger que les trans’ aient un meilleur équilibre psychologique que le reste de la population pour avoir accès aux soins dont ils ont besoin. On n’en demande pas tant aux couples stériles qui demandent une procréation médicalement assistée. Pourtant, ils vont avoir à éduquer un enfant.

Sortir la transidentité de la liste des maladies mentales est fondamental pour l’évolution des droits des trans’. Où en seraient les droits des lesbiennes et gays si l’homosexualité était toujours psychiatrisée? Pour les mêmes raisons, ne pas y faire entrer les intersexuations est tout aussi fondamental pour les intersexes.

Dépsychiatriser la transidentité, c’est permettre que la transphobie soit reconnue comme une discrimination. On ne discrimine pas des malades mentaux. Comment être pris au sérieux avec cette étiquette? C’est connu, les malades mentaux n’ont pas toute leur tête! On en conclu donc qu’ils ne sont pas capables de décider de ce qui est bon pour eux. Tant que la transidentité sera une maladie mentale, les trans’ seront des personnes sans droit qu’on pourra discriminer en toute impunité. N’oublions pas qu’il y a des trans’ qui se font agresséEs, assassinéEs uniquement à cause de leur identité de genre atypique.

Quand on se rappelle comment étaient traités les enfants gauchers ou les enfants adultérins dans les années 50, par manque d’information ou pour des raisons morales et comment on considère ces mêmes personnes dans les années 2000, on peut mesurer l’évolution de la société, de ses mœurs et de ses connaissances. C’est la même histoire qui se répète avec les trans’. Beaucoup de chemin reste à faire pour qu’ils soient considérés aussi bien que les gauchers aujourd’hui.

Aucune majorité n’a raison et ne constitue une “norme” uniquement parce qu’elle est majoritaire. Le degré de civilisation d’une société se mesure à sa capacité à intégrer les populations situées aux marges d’une courbe de gausse (en cloche) par rapport à la majorité. Ce sont ces populations qui font évoluer les “normes” d’une société. En conséquence, nous avons tout intérêt à connaître et respecter les populations et cultures marginales, c’est à dire minoritaires. Je pense à une société libertaire, une société qui permette à chacun d’y avoir une place, une société sans domination ni discrimination.

      3.2.1. Stigmatisation

Les malades mentaux ont mauvaise réputation et sont marginalisés par la psychiatrisation. Pourtant ils n’ont pas choisi d’être malades, ils n’ont pas d’emprise sur leur pathologie. Reproche t-on à quelqu’un d’être cardiaque ou diabétique? Pourquoi en vouloir aux malades mentaux? Parce qu’ils sont trop différents, trop étranges! C’est aussi une forme de racisme. Quant aux personnes qui se développent d’une façon “marginale”, c’est à dire d’une façon non conforme aux habitudes d’une majorité, c’est la société qui a “fabriqué” leur marginalisation, elle se doit donc de ne pas les exclure, de ne pas les juger. Il faudrait sans doute changer le vocabulaire et aussi diffuser des informations à destination du grand public via des documentaires, des fictions…

Les mots ont leur importance. Pour prendre un exemple récent, parler de “désordre du développement sexuel” me semble péjoratif. Pourquoi toujours penser en terme de déficit ou de manque alors que, quelles qu’en soient les causes, il s’agit d’une “variation du développement sexuel”. Cela ne veut pas dire que le porteur de cette variation ne pourrait pas obtenir une correction ou modification s’il le souhaitait.

Les variations du développement sexuel ne devraient pas relever des procédures de la transidentité, les dites variations étant suffisantes à mes yeux pour permettre aux personnes intersexuées de s’orienter dans un genre ou l’autre si elles le demandent. Les divers tests (biologiques, génétiques…) devraient donc être faits en première intention avant toute orientation dans un processus de soins.

Quelle que soit l’origine de la transidentité, on ne choisit pas d’être trans’, pas plus que d’être homosexuel ou gaucher. On a tendance à oublier que ce sont d’abord des enfants qui ont ce problème identitaire. A force d’être rejetés et discriminés parce qu’ils sont différents, les trans’ ont souvent une mauvaise image d’eux-mêmes. Ils ont intégré le fait d’être une mauvaise personne dès l’enfance. C’est la transphobie intériorisé. Les conséquences de la stigmatisation influent sur l’équilibre psychologique des personnes concernées. S’il y a besoin d’une aide psychologique, elle concerne les conséquences de la discrimination subie à cause d’une identité de genre atypique. Je ne note pas ces difficultés d’estime de soi chez les personnes dont la culture permet cette variation de l’identité de genre.

D’autre part, pourquoi faudrait-il avoir une anatomie conforme à l’autre sexe alors que l’on ne sait pas vraiment bien faire? Les intersexes existent. Il ne devrait pas y avoir de contrainte artificielle à la “normalité” sociale ou médicale. Ce ne serait pas grave s’il y avait plus de personnes ne correspondant pas aux 2 anatomies habituelles ou majoritaires. Le corps médical ne devrait pas être dérangé par ces variations anatomiques. Tant que la santé n’est pas en jeu, il n’y a pas lieu d’imposer une voie ou une autre s’il n’y a pas de demande de la personne concernée. Ceci est fondamental et est en droite ligne des recommandations de Thomas HAMMARBERG.

4. Propositions pour une nouvelle classification

Pour acter la dépsychiatrisation des transidentités, il faut partir sur une nouvelle organisation des soins et inventer une procédure simple, permettant de rassurer les professionnels de santé. En France, les usagers proposent de partir sur le modèle de l’interruption de grossesse dans ses débuts. Certes, l’interruption de grossesse ne modifie pas le corps de la femme mais ce n’est pas un acte anodin et il peut avoir autant de conséquence qu’un traitement hormonal chez une personne transidentitaire.

L’idée, c’est la libre disposition de son corps. Si une personne ne désire pas procréer, pourquoi n’aurait-elle pas le droit de se faire stériliser? On opère sans difficulté le nez qui est un aspect majeur du visage alors qu’on prend beaucoup de précaution pour les parties génitales qui, elles, ne se voient pas. Si cela lui convient, l’aspect génital d’une personne ne l’empêche pas de fonctionner socialement, professionnellement et familialement. C’est sur le plan sexuel et conjugal que le problème peut se poser.

      4.1. Résumé du parcours de soins proposé par les usagers en France

— Première procédure de consentement éclairé en 1 mois (Centre de planning familial).

— Traitement hormonal et test de vie réelle avec les hormones. Epilation, rééducation vocale, chirurgie non génitale à la demande (FFS, pomme d’Adam, mastectomie). Accompagnement psychologique si souhaité à tout moment.

— Pour la chirurgie génitale, seconde procédure de consentement éclairé en 1 semaine un an après le premier consentement éclairé (au minimum).

— Changement d’état civil dès que la personne l’estime nécessaire et au plus tôt 6 mois après le premier consentement éclairé. Changement de prénom dès le premier consentement éclairé.

    4.2. Propositions

La transidentité pourrait être classée (comme le sont la contraception et l’avortement non pathologique Z30.3) dans le CHAPITRE XXI. Voici plusieurs possibilités dans ce chapitre:

1.Z00-Z99 Facteurs influant sur l’état de santé et motifs de recours aux services de santé
Z55-Z76 Sujets dont la santé peut être menacée par des conditions

 socio-économiques et psycho-sociales
[…]
Z60.5 Cible d’une discrimination et d’une persécution
 Discrimination ou persécution, réelle ou perçue comme telle, pour des
 raisons d’appartenance à un groupe (défini par la couleur de la peau, la
 religion, l’origine ethnique, l’identité de genre, etc.)
 et non pour des raisons liées à la personne.

Concernant Z60.5, il serait utile d’ajouter à la liste «l’identité de genre» même si le «etc.» laisse le champ libre.

2.Z70-Z76 Sujets ayant recours aux services de santé pour d’autres motifs

qui après ajout d’un point Z77 devient:

Z70-Z77 Sujets ayant recours aux services de santé pour d’autres motifs
[…]
Z77 Variation de l’identité de genre ou «identité de genre atypique»
   ou «transidentité» ou «trans-identité» ou «trans identité»

3.Z40-Z54 Sujets ayant recours aux services de santé pour des actes médicaux et des
 soins spécifiques

Z40 Opération prophylactique
[…]
Z40.1 Traitements prophylactiques pour variation de l’identité de genre
 ou «identité de genre atypique» ou «transidentité» ou «trans-identité»
 ou «trans identité»

Pourquoi en Z40.1: s’il n’y a pas de traitement possible pour la transidentité, il y a des risques de santé publique à cause du désespoir: suicide ou tentative, dépression, hormonothérapie sauvage, prostitution pour se payer les traitements hormonaux et chirurgicaux, abus de substances (drogues, alcool), exposition à des risques de contamination aux IST…

Il ne me semble pas utile de différencier les personnes qui souhaitent seulement un traitement hormonal de celles qui demandent aussi une chirurgie génitale, les avis peuvent changer dans un sens ou dans l’autre en fonction de l’expérience du vécu. Par exemple, un FtM qui souhaitait un phalloplastie peut y renoncer après avoir pris connaissance des difficultés à la réaliser et des risques opératoires. Une MtF peut après plusieurs années de traitement hormonal avoir envie d’aller plus loin dans sa transformation et demander une vaginoplastie. De même, la distinction de l’orientation sexuelle n’est pas pertinente car elle est de nature différente de l’identité de genre.

Je tiens aussi à préciser que le terme “transgenre” ne sera pas utilisable en France dans le domaine médical car il a été déposé par une association comme marque à l’INPI en 2005 dans les classes pharmaceutiques, médias et art.

 

5. Conclusion

On ne peut qu’être d’accord avec cette définition de la santé par l’OMS : «état de complet bien-être physique, mental et social, et [qui] ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité.»

Le respect des droits humains tel que définis dans “Les principes de Jogjakarta” et les recommandations de Thomas HAMMARBERG, “Droit de l’Homme et identité de genre” est essentiel et ces principes ne peuvent/doivent pas être ignorés par l’Organisation Mondiale de la Santé.

En conclusion, les trans’, les pervers et les psychotiques, même combat? Oui! pour le respect des droits humains les concernant.


Bibliographie

FOERSTER Maxime, (2006), Histoire des transsexuels en France, (essai), Béziers: H&O éditions, 186 p. Préface de Henri Caillavet.

HAMMARBERG Thomas, Droit de l’Homme et identité de genre, octobre 2009, https://wcd.coe.int/ViewDoc.jsp?Ref=CommDH/IssuePaper(2009)2, (Commissaire européen aux droits de l’Homme).

MARCHAND L., RONDEPIERRE J., HIVERT P. et LEROY P., (1952), Examen anatomo-pathologique de l’encéphale d’un dément précoce mort au cours d’une électronarcose 23 mois après une lobotomie, in Annales médico-psychologiques, février 1952, pp. 175-179. Société médico-psychologique, séance du 14 janvier 1952.

Panel international d’experts en législation internationale des droits humains, de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre, (2007), Les principes de Jogjakarta. Principes sur l’application de la législation internationale des droits humains en matière d’orientation sexuelle et d’identité de genre, www.yogyakartaprinciples.org.

OMS, (1993a), Chapitre XXI: Facteurs influant sur l’état de santé et motifs de recours aux services de santé (Z00-Z99), in CIM-10/ICD-10, http://www.med.univ-rennes1.fr/ noment/cim10/.

Maud-Yeuse Thomas, Pour un cadre générique des transidentités

Maud-Yeuse Thomas


Pour un cadre générique des transidentités

 

 

Cadre de société/cadre de théorie

Il est manifestement toujours difficile de distinguer qui contribue à l’émergence du transsexualisme dans notre société, quelle en est –ou sont- la (les) cause(s). A ceci, trois difficultés majeures :

– la superposition socioculturelle sexe-genre dans nos représentations et sa naturalisation ;

– le système d’opposition binaire homme/femme, masculinité/féminité (mode « ou ») ;

– « l’expertise médicale » de « l’identité sexuelle » comme indice de la différence des sexes.

A cet égard, le transsexualisme fonctionne comme un franchissement manifeste des normes et représentations socioculturelles et le classement du DSM et CIM en contient tous les échos dans l’énoncé même : trouble du comportement, de la sexualité, de la conduite, inversion(s), dysphorie… D’où cette proximité culturelle du « trouble » (affection, maladie, désordre, dysphorie, dysharmonie…), de la transgression (des normes, du comportement, conventions, mœurs…) ou relevant d’un développement inattendu et inentendu.

Deux pistes de lectures :

– le transsexualisme est une adaptation particulière dû au contexte historique et culturel obligeant à ce franchissement « psychiatrique » (pour vivre un genre de préférence, le sujet est conduit à souhaiter le changement médico-chirurgical sous l’œil d’une « expertise médicale ») ; l’intégration anonyme est le sujet sous-jacent ;

– le transsexualisme est une variation du développement culturellement inattendue dans notre société et rendue impossible (sauf franchissement, point 1) ; l’épanouissement est le sujet sous-jacent.

Il découle dans notre société que « vivre dans l’autre sexe » équivaut à accepter de changer (chirurgicalement ou non) de sexe. L’obligation de cette intervention pour changer de papiers (d’identité) fermant le cercle et obligeant les transgenres à une stérilisation et une mutilation. Or, ces deux identités ont un point commun : le changement socioculturel de genre, préalable au changement de sexe. La conception d’une « nature de l’humain » par la seule voie de « l’identité sexuelle » en tant que rituel organisant l’accès à l’humanisation a conduit à ignorer le développement psychique et social via l’antécédence du genre ; plus spécifiquement les devenirs-trans.

La définition donnée par R. Küss et J. Breton en France traduit cette conception et le contexte « binaire » de société (il n’y a que deux sexes et ils constituent deux sexes sociaux) :

Il s’agit d’un désir de vivre et d’être accepté en tant que personne appartenant au sexe opposé.

le transsexuel a la conviction d’appartenir au sexe opposé au sien.

L’appartenance au sexe opposé constitue le sujet en opposition à son propre vécu. Le « transsexuel » n’a nullement cette « conviction » décrite ici mais d’être soi, de se sentir bien dans telle identité, telle place, tel rôle, ce qui conduit à vouloir être accepté en tant que personne. Mais pourquoi donc vouloir la surdéterminer par le sexe ?

Cette caractérisation est effectuée par le cadre binaire de notre croyance en deux sexes compris comme étant deux catégories sociopsychologiques (composant la différence biologique des sexes) ; secondement, le développement via le « genre de préférence » lors de l’enfance est nié et/ou uniquement attribué au transsexualisme alors que Robert Stoller théorise une distinction sexe et genre et l’antécédence du genre comme mode de développement psychique et social. Son analyse porte sur le développement lui-même. Les déploiements théoriques et pratiques qui ont suivi constituent un cadre de pensée global sur le développement et le devenir humain mais la focalisation sur un devenir-trans « pathologique » distinct d’un devenir-générique « normal » a été maintenue.

Cela a une conséquence culturelle : concrètement, lorsque nous parlons d’orientation sexuelle, nous pensons immédiatement à l’homosexualité, lorsque nous parlons de préférence de genre, nous pensons transsexualisme (ou identités trans). La focalisation a produit son effet de distinction radicale, validant sans examen le clivage majorité/minorité. Tout se passe comme si,

– seuls les trans avaient une « identité de genre » ;

– elle est présentée comme étant en concurrence/conflit avec leur identité sexuelle ;

La distinction entre « identité de genre » et « identité sexuelle » n’a pas été correctement analysée et surtout, alors que l’on légitime ces changements relevant d’une thérapeutique, l’écoute des personnes concernées est manifestement « passé à la trappe ». D’où ce clivage majorité/minorité, professionnels de la santé/usagers et le fait que, dans les attendus du protocole se trouvent toujours :

– la distinction hétérosexualité/homosexualité et le comportement post-transition où l’on attend de la personne sur le plan de la sexualité compris comme « fondateur » de ce que la personne « est » (biologisation du « moi profond » inconscient);

– une superposition du modèle binaire homme/femme, MtF/FtM des trajectoires trans et intersexe sensés relever de la « réalité » ;

– la subordination aux changements de papiers aux traitements médico-chirurgicaux  (exclusion des personnes transgenres et identité mixtes);

– une personne mariée avant transition doit divorcer post-transition pour recevoir ses papiers

– l’âge légal avant tout suivi.

On attend manifestement de la transition une conformation aux attendus binaires :

           – il n’existe que deux sexes et le transsexualisme n’est qu’un état transitoire,

           – cisgenre (superposition sexe-genre),

          – originel (le sexe est antérieur au genre),

          – stabilité du genre fixé post-transition

          – hétérosexuel (refus du mariage homosexuel qui se formerait avec une personne trans).

Cela traduit le cadre sous-jacent du socle binaire de la société et ses représentations majoritaires et non un « vivre-ensemble » et un épanouissement de l’individu » partout postulés. Ce modèle de société contient en lui son principe d’exclusion/pathologisation des « autres » qu’il classifie. Le refus de lire les attendus queers en tant que réponse sociétale et philosophique maintient ces attendus socioculturels à distance d’un débat qui serait lui, « rationnel et scientifique ». Ou du moins, « médico-légal ». Il en découle ce conflit intellectuel et théorique binaire vs queer qui ne prend pas en compte la population concernée, comment est-elle « concernée » et par quoi (quels attendus ?).On s’en tient à une « souffrance clinique » et l’on en déduit le transsexualisme. En fait, ce qui est déduit sont les conditions de discrimination, d’isolement, des ruptures dans la vie des trans., des stigmates dans le champ de la prise en charge au nom du « bien » des individus eux-mêmes.

Seuls les transsexes sont « pris en charge » au détriment des transgenres ou d’autres formes d’identités. L’inconnue de cette population non pris en compte dans les études comparatives, voire inétudiée, tend à produire l’effet « exception à la règle » sans examen ni de « l’exception » ni de la « règle ».

Le cadre d’élaboration, d’analyses et de lectures critiques sur l’homosexualité et aujourd’hui des transidentités, invalidant l’échelle d’observations, la méthodologie et le cadre théorique validant une pathologisation et psychiatrisation, reste innentendu. Il en découle un divorce dont nul ne peut profiter.

L’expert et l’usager

La psychiatrisation apparaît pour les concerné-es comme un système double de modélisation de l’identité et de contrôle social. Le cadre des « équipes hospitalières » dans un tel contexte ne permet pas un cadre apaisé, d’où les soubresauts actuels. Le choix d’un médecin non discriminant et le « choix » d’une identité singulière (quel qu’elle soit), permettant un cadre thérapeutique pacifié, ne sont pas pris en compte.

L’hyperfocalisation sur le « changement de sexe » en tant que « tabou culturel » masque tous les « changements de genre », comprime le fait trans aux seuls transsexes et renforce le monopole psy comme seule apte à répondre au sujet trans.

Dans cette population, seules les personnes suivies sont comptabilisées. En découle plusieurs points fixant l’inégalité du classement lui-même.

– les autres demandes sont écartées des « suivis » sans aucune proposition d’un autre suivi et/ou accompagnement et plus largement un réexamen des croyances, théories, représentations ;

– la dépendance à un diagnostic de type social (autre que médical, le diagnostic différentiel est largement accepté par la communauté trans) non précisé, jouant sur l’effet masse : majorité vs minorité ;

– dépendance à une « souffrance cliniquement constatée » dans un inexamen, voire un déni de la discrimination et la stigmatisation qui constitue le tissu même de la souffrance.

Cette nouvelle situation d’identités-tiers (« queers ») n’a pas reçu de modification du côté de la réception institutionnelle uniquement centré sur le transsexualisme en tant qu’exception culturelle au modèle cisgenre-hétérosexuel. Et ce malgré l’identité transgenres et l’examen des attendus culturels sur les intersexes.

Les notions d’affection, trouble, dysphorie, créé un effet-gouffre qui vient s’additionner aux ruptures dans leur existence. L’effet-maladie dans ses effets performatifs, créé la croyance confuse en une maladie ou un trouble intérieur et endémique. Le tabou social du « travestissement » transféré dans le champ médical a multiplié les effets-trouble(s). Le fait que chez un très grand nombre d’intervenants (psychiatre, psychanalyste…) pense que le travestissement est une transgression, symptôme d’un « trouble du comportement », n’aide pas à distinguer ce qui de l’identité sexuelle ou de l’identité de genre (quand cette distinction est acceptée et posée) est causal.

Dans la période 1975/1995, toutes les associations notent que les personnes ne correspondant pas à la lecture du protocole sont écartées des suivis et se découvrent sans suivi ni accompagnement, livrés à eux-mêmes. Les associations vont remplir ce vide et devenant de fait, le lieu de cette indétermination psychosociologique. L’arrivée du queer en France donne  un cadre et un contenu théorique aux « identités-tiers » non prises en compte, y compris par les trans

Des « savoirs minoritaires » se constituent toutefois dans ce creuset « LGBTIQ » totalement méconnu des instances, même dix ans après ses premières formulations. En témoigne l’inintérêt des praticiens pour les débats, conférences et initiatives de la communauté LGBTIQ, voire la stigmatisation des « militants » qualifiés de « libertaires » par de très nombreux commentateurs.

Concrètement, l’apport des associations est très varié. Rapport à la parole et l’affirmation de soi, interrogation sur le support théorique, interrogation des attendus du protocole et le rapport patient/psychiatre, examen des alternatives à la psychiatrisation et examen du modèle binaire. Ajoutons le dialogue avec les « groupes culturels » proches (travestis, intersexes, androgynes, intergenres, whatever) et l’organisation des opérations à l’étranger pour les personnes refoulées des suivis puis des personnes en suivi avec une interrogation plus poussée sur le « retard de la France » en matière d’accueil et de progrès chirurgicaux.

Transsexualisme et droit ; implications sociales

L’article 57 du Code Civil dispose :

« l’acte de naissance énoncera le jour, l’heure et le lieu de la naissance, le sexe de l’enfant et les prénoms qui lui seront donnés… ». C’est l’examen des organes génitaux externes du nouveau-né qui détermine :

– l’appartenance à l’un ou l’autre sexe,

– la reconnaissance de cet état par la société (Etat Civil),

– l’attribution de prénoms, le plus souvent sans ambiguïté quant au sexe de celui qui le porte.

La notion « d’appartenance à l’un ou l’autre sexe » a généré cette notion de « sexe opposé » qui prétend caractériser le transsexualisme et plus largement les transidentités. Malgré les très nombreux travaux sur le genre, nous en restons à une définition issue d’une tradition (et non d’une définition médicale ou « psy ») déjà en but aux clivages entre comportement et sexualités, au travestissement et la notion de « troisième sexe » qui apparaissent au XIXème siècle.

L’assignation générique sur le critère du « sexe » apparaît comme le cadre général de société et de modélisation de l’identité (qui l’on est, comment l’est-on, quels rapports aux autres, à la détermination de sa sexualité, de son comportement, etc..). Il fixe et détermine le rapport à « l’état d’indisponibilité de la personne », ce qui revient à fixer la personne homme ou femme de manière intangible, « originelle » à la naissance de l’enfant, tout en postulant une construction du « moi vécu » (ce qui est le cas de la psychanalyse). Cette conception du « moi sexué » qui serait préalable au « moi vécu » est typique d’une conception et hiérarchie de société où la figure de l’opposition (« sexe opposé », « genre opposé ») est centrale. Cette conception s’est maintenue malgré toutes les transformations au cours du XXème et elle devient concurrente d’une conception très XXIème siècle du « moi » multi-identitaire et multi-appartenance, au devenir ouvert.

Après les féministes, trans et intersexes contestent la modélisation générique ne tenant pas compte de leur présence et des évolutions du XXème siècle, notamment l’invalidation féministe sur au moins deux points principaux :

– invalidation du rapport naturel, biologique, entre sexe et genre ;

– rapport personnel, subjectif au corps qui soit « sien », c’est-à-dire réellement vécu.

La lecture queer y ajoute le volet de la construction subjective du corps en fonction du vécu et des représentations culturelles, ce qui constitue manifestement un changement de paradigme. Ces conceptions invalident l’idée d’un « moi profond » moulé dans/par le corps (ou les fonctions corporelles) pour le resituer dans la relation intersubjective dépendant du contexte socioculturel. La critique répondant à un « moi éparpillé » ou « indéterminé sexuellement » sans oublier une littérature sur un « effondrement de la société » consiste pour l’essentiel d’une réponse sécuritaire appliquée à des « minorités ».

Sur le plan du droit, le changement de papiers passant par le TGI, s’il permet de nouveaux papiers facilitant l’intégration ordinaire, ne modifie pas ce rapport culturel du « corps fondateur » et ne peut « rattraper » une vie rendue difficile, souvent solitaire en raison des discriminations et des impacts de la stigmatisation. L’enfant nié dans l’expression de son genre ne peut que, à l’âge adulte, vouloir recouvrer son devenir mais il reste amputé de ce refus radical. Le refus de penser le transsexualisme  (au sens de se vivre avec un genre de préférence distinct du genre d’assignation) a conduit à devoir traiter sur le mode de l’urgence à l’âge adulte :

– il est totalement dépendant du changement médico-chirurgical (transsexes et intersexes), ce qui ne valide que cette approche « médico-légale » de la société binaire ;

– obligation légale du divorce d’un mariage contracté avant transition au risque de ruptures familiales (derrière cette obligation, se profile le clivage hétéro/homosexualité) ;

– le changement est indiqué en marge de l’acte de naissance, de qui permet à de très nombreuses mairies, de repérer les personnes transsexuelles et d’inférer sur leurs demandes (notamment lors du renouvellement tous les 10 ans de la carte d’identité) en imposant l’acte intégral et non un extrait, d’où un recours obligé à un tiers (juriste, association ou autre).

Un statut d’exception médicalisé ne peut que déboucher sur des attendus et réponses d’exception masquant les individus. Ces attendus sous-jacents doivent être interrogés dans leur contexte et non au seul regard d’une théorie médicale sur l’identité sexuelle qui serait fondatrice de ce que l’individu est/ressent et vit en « nature » ou en « essence ». La coïncidence sexe-genre en tant que paradigme culturel unique et invariant a vécu. Nos pantalons, jupes, rouge à lèvres et cravate n’ont rien à devoir avec nos chromosomes, gènes et hormones mais tout à voir avec une histoire de nos cultures. « La biologie ne peut pas servir à fonder l’organisation sociale », analyse Thomas Pradel (immunologiste et philosophe des sciences[1]). Comment pourrait-elle servir à fonder une définition de ce qu’est l’homme et la femme ?

Un classement ne peut que prendre en compte et préciser les attendus socioculturels de son époque faute de quoi l’éthique qui doit siéger en toutes circonstances sera invalidée.  La conséquence immédiate en est le savoir constitué et très logiquement la réponse et régulation qu’on en attend. Le récent exemple dans le récent rapport de la HAS indique une situation de fermeture.

Si l’objet de ce débat est le « vivre-ensemble » culturel et philosophique et non les représentations attachées socialement à une opposition historique (homme/femme, masculinité/féminité, blanc/noir…), tous ces attendus doivent être reformulés. A cet égard, les socialités queers ont largement innovées en déconstruisant le rapport historique sexe-genre utile socialement et ancré historiquement mais éthiquement indéfendable dès lors qu’ils s’agit de santé, a fortiori « psychique » et de vivre-ensemble.


[1] Thomas Pradel, « La biologie ne peut pas servir à fonder l’organisation sociale » (article), La Recherche n°446 – Novembre 2010.

A propos de la transidentité, manuel sur…

Delphine Philbert 

«  A propos de la transidentité, manuel sur l’identité de genre
pour  les jeunes de 10 à 100 ans ».  


Résumé
: La transidentité (encore mal appelée de ce mot archaïque : transsexualité) est mal connue. Pourtant de nombreux livres, parfois très bien documentés existent. Peut-être trop bien documentés, ils peuvent rebuter le néophyte perdu dans certains débats. Les transgenres sont de plus en plus exposés aux médias, médias qui souvent ne retiennent que l’aspect audimat de leurs émissions : mise en avant de souffrances, de vie personnelles… qui attirent le chaland. Ou ces médias se tournent vers un corps médical, vers des « spécialistes de la transsexualité » qui, pour certains, vivent encore un siècle dans le passé et tentent de garder la main mise sur une population fragilisée par une pathologisation de l’identité de genre, maintenant ainsi des méthodes discriminatoires. Méthodes qui conforte la population dans une vision archaïque des transgenres. L’auteure a voulu mettre dans les mains des lecteurs un « manuel », tel un manuel scolaire, facile à lire, facile à transporter, facile à prêter, afin d’apporter les bases qui sont le socle de la transidentité et ainsi apporter sa pierre à l’édifice de formation, d’éducation et donner des informations justes sur l’identité de genre, loin des clichés. Elle considère que l’information juste est la pierre angulaire de l’éducation, qui elle-même sert de base à la compréhension de l’autre et donc à son respect. Donc lisez, réfléchissez, débattez, échangez avec vos proches, vos voisins, vos élus afin de ne plus pouvoir dire : « Nous ne savions pas »

Il est publié sous forme numérique à cette adresse :

http://ebook-editions.net/index.php?page=shop.product_details&category_id=15&flypage=flypage.tpl&product_id=57&vmcchk=1&option=com_virtuemart&Itemid=226

Attendus, questionnements, positions

Observatoire des transidentités

Qui sommes-nous ou que sommes-nous, pourrait être la question qui nous cernerait -faute de nous définir- le mieux. Que sommes-nous ? Si la santé mentale des individus se vérifie dans la qualité du lien social, que dire des discriminations et stigmatisations contenues dans le rapport culturel aux transidentités ? Affection ou variation ? Individu ou société ? Particulier ou universel ? Quelle est la société qui dit que telle personne est « transsexuelle » ? Pour quoi faire ? D’où surgit vraiment le transsexualisme et qu’est-il donc ?

Nous sommes clairement devenu-es les sujets d’une observation entomologiste depuis la prise en charge, moment-événement correspondant à la réponse institutionnelle à notre existence ici-et-maintenant. Mais les discours et écrits, sous prétention médicale, rationaliste et/ou scientifique, qui l’ont accompagné ont lié le transsexualisme à un dispositif social de contrôle normatif enserré entre la dimension médicale et la dimension légale que la psychiatrie médicolégale s’aménage dans le tissu de l’existence humaine. D’où sa survisibilité actuelle car il occupe après la question homosexuelle et la question féministe, la place contradictoire d’une controverse d’époque en mutation.
 
Pouvons-nous faire l’économie d’une analyse des transidentités dans la société actuelle ? Le sujet se présente comme enserré entre une absence quasi totale (pas de trans dans le passé) et la réponse médico-chirurgicale contemporaine sans examen sur la structure inégalitaire de notre société et la prise de pouvoir manifeste qu’elle draine. Nous pensons que la réponse médicolégale s’est installée sur le couperet d’une stigmatisation niée et d’une discrimination volontairement tue pour ces pratiques et discours d’une reproduction sociale rationnalisée a postériori, à l’abri de tout bouleversement social et culturel. Au fond, elle n’est qu’un simple agent d’une matrice. La société Occident, universalisant son modèle. Aussi, la question des minorités et la question coloniale apparaissent politiquement voisines pour composer l’image en creux d’une société dominante.
 
Nous voulons les analyser car ils éclairent ce par quoi nous sommes personnellement et culturellement passés pour rentrer dans cette curieuse boîte noire réunissant culture et normes, politique et histoire. Comment les trans se réinventent ou au contraire se lient aux injonctions de normation dessinant en creux la société et le mode binaires ? Parmi les questions non abordées, la question philosophique des devenirs-minoritaires, leurs subjectivités et socialisations derrière l’affirmation de l’évidence ontologique naturalisée et/ou anthropologisée.
 

Répondre aux questions trans’ et inter’ ne peuvent pas faire l’économie d’une interrogation et d’un bouleversement dans l’économie hétéronormée et inégalitaire de la société qui sursature la question des subjectivités non alignées sur les identités sociales.

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